08/07/2010 Le libéral Komorowski a remporté les élections présidentielles en Pologne. Mais son avance plus limitée que prévu montre qu'il lui faudra composer avec la gauche, plus tolérante sur les questions de mœurs en général et l'homosexualité en particulier. Le suspense a pris fin dimanche soir avec la publication des résultats définitifs du vote des Polonais. Bronislaw Komorowski, président par intérim issu du parti au pouvoir Plate-forme civique, a été élu à la tête de la Pologne avec 53% des voix. Il faisait face au conservateur Jaroslaw Kaczynski, le frère de l'ancien président tué dans un accident d'avion le 10 avril dernier. Pas de déclarations homophobes Première surprise, l'écart entre les deux candidats a été plus serré que prévu. Certains sondages comme celui du journal Gazeta Wyborcza donnaient en effet Komorowski vainqueur dès le premier tour! Il faut dire que son adversaire a été particulièrement habile dans la gestion de son image. Jaroslaw Kaczynski s'est particulièrement appliqué à gommer son agressivité naturelle et sa propension à la controverse. Morceau choisi: c'est lui qui avait soutenu en 2005 : « l'affirmation de l'homosexualité conduira à la ruine de la civilisation». Pour cette campagne, il a soigneusement évité la polémique en n'abordant que des thèmes rassembleurs. Le vainqueur, de son côté, ne s'est jamais distingué par des déclarations homophobes, quoique son parti de droite libérale ne fasse pas mystère de convictions peu progressistes en matière de mœurs. Le réel imprévu est plutôt venu de la gauche, que les analystes disaient moribonde en Pologne. Le candidat du parti SLD (gauche démocratique), Grezgorz Napieralski, a remporté 13,6% des suffrages au premier tour, alors que les sondages le créditaient de 3 à 10% des intentions de votes. Les médias l'attendaient donc comme l'arbitre du second tour. Le jeune homme politique, 36 ans, ne cachait pas le prix de son soutien: adhésion à la Charte des droits fondamentaux (que l'ancien président avait refusée afin de ne pas accorder trop de droits aux gays), introduction de la parité hommes/femmes aux élections, retrait des troupes polonaises en Afghanistan. Son parti prépare par ailleurs un projet de loi sur un partenariat civil ouvert aux homosexuels. Patience et combativité Finalement, Napieralski n'appellera à voter pour aucun des deux candidats, ses conditions n'ayant pas été satisfaites. Les résultats prouvent logiquement que les voix de gauche se sont majoritairement reportées vers Komorowski, pro-européen et plus centriste. Celui-ci devra donc compter avec cet électorat jeune plus ouvert sur des questions sociales. Prochain enjeu: les élections législatives au premier semestre 2011, qui pourraient de nouveau renverser la vapeur. Mais les LGBT polonais devront surtout s'armer de patience et de combativité pour voir leur situation s'améliorer: pas de loi anti-discrimination, pas d'union civile, pas de législation anti-discours de haine, le chemin vers l'égalité reste long à parcourir en Pologne. |
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