03/11/2010 REPORTAGE. Dimanche, l'association des habitants de Rocinha a organisé la première «parada gay» au cœur du quartier, pour réunir homos, trans, drag-queens et sympathisants dans une ambiance festive et chaleureuse, «sans préjugés, avec respect». Les drapeaux arc-en ciels, les déguisements et les tubes dance du moment remplacent les trafiquants armés, le funk et le bruit des motos. La rue principale de Rocinha, communauté de plus de 150.000 habitants au sein de Rio de Janeiro, est décorée de tulle multicolore et de ballons. «Rocinha, c’est une ville tellement c’est grand, et nous sommes fiers de réunir autant de gens aujourd’hui, pour montrer que nous sommes tolérants», explique Cacahouète, de l’association des habitants. «Un gay, ca s'écrase un peu» Alexandre, lentilles de contact bleu ciel, est depuis quatre ans avec Fernando. Ils habitent ici, «parce que c’est moins cher», disent-ils en chœur. Rejeté par ses parents, Fernando a passé quelques jours dans la rue avant de trouver un poste comme coiffeur à Copacabana. Des blagues homophobes, il en entend tous les jours. «Alors qu'ici, les trafiquants me respectent, me disent bonjour», explique-t-il. Mais il reste discret. Ne donne pas la main à son copain, «parce que c’est un milieu macho, avec des armes et tout, donc un gay, ca s'écrase un peu». Parmi la foule carnavalesque, quelques ados semblent faire leur coming out, comme Jefferson, caleçon gris et petit haut noir, qui court sur ses talons, faux seins en avant, en se prenant des mains aux fesses par les chauffeurs de moto-taxi. «Il y en a qui en profitent pour se lâcher, c'est bon signe», commente Alexandre. «On se croirait en plein carnaval» Les canettes de bières tombent du camion, les icônes gays locales haranguent la foule, tandis que grossissent les rangs de danseurs du dimanche. «Il n'y a pas que des gays ici, pour tout le monde, c'est l'occasion de faire la fête, on se croirait en plein carnaval», commente Milene, venue avec ses amies. Paradoxalement, cette gay pride est tellement populaire, qu'elle ne rassemble qu'une minorité de gays. Et derrière les apparences de tolérance, le Brésil, actuellement en pleine campagne électorale, reste une société conservatrice. 198 homosexuels ont été assassinés l'année dernière, un des chiffres les plus importants au monde, selon l'organisation Grupo Gay da Bahia, soit une hausse de 62% depuis 2007. |
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