04/12/2010 Sur son blog, une maman a raconté comment son fils avait voulu s'habiller en Daphné, de «Scoubidou», pour Halloween. Une leçon de tolérance qu'un maximum de personnes devrait lire. C'est pourquoi nous reproduisons son texte en entier. On s'est longtemps demandé comment vous parler de cette histoire qui nous a beaucoup touchés. On peut la lire sur le blog Nerdy Apple Bottom, écrite par une maman américaine de trois enfants, mariée à un policier, et qui vit dans la «Bible Belt» des Etats-Unis, cette zone du Sud-Est du pays réputée pour être conservatrice et religieuse. Juste après Halloween, elle avait posté un petit billet dans lequel elle se disait fière de son fils Boo, qui avait osé se déguiser en personnage de Daphné, du dessin animé Scoubidou. Mais elle se disait encore choquée par les réactions suscitées. Et elle demandait «aux deux personnes susceptibles de me lire» si elles souhaitaient un récit plus développé. Finalement, début novembre, elle a posté le texte que nous traduisons en intégralité ci-dessous. A ce jour, il a suscité plus de… 40.000 commentaires. Et nous pensons qu'un maximum d'homos, de jeunes qui se posent des questions sur leur identité, ainsi que leurs parents, devraient le lire. Le voici donc. Mon fils est gay. Ou pas. En fait, je m'en fiche. C'est toujours mon fils. Il a cinq ans, et je suis sa mère. Si vous avez un problème avec tout ce qui est écrit plus haut, je ne veux pas vous connaître. J'ai beaucoup hésité avant de raconter sur ce blog plus en détail ce qui s'est passé avec mon fils et son costume pour Halloween. Ou, plus exactement, les réactions qu'il a suscitées. Mais puisque ça me démange encore plusieurs jours après, autant le faire et écrire mon point de vue. Avant de commencer, quelques informations: 1. Mon fils a cinq ans et il va dans la crèche d'une église. 2. Il adore Scoubidou depuis qu'il est capable de focaliser son attention sur un objet plus de deux minutes. 3. Halloween est une fête dont le principe est de porter un costume. 4. L'église de mon fils a demandé aux enfants de se déguiser, faire un petit défilé, puis d'enlever les costumes pour le reste de la journée. 5. Le meilleur ami de Boo est une petite fille. 6. Boo a une sœur plus grande que lui. 7. Boo passe le plus clair de son temps avec moi. 8. Je suis une femme. 9. Je suis la mère de Boo, ce n'est pas vous. Donc, quelques semaines avant Halloween, Boo décide qu'il veut se déguiser en Daphné de Scoubidou, avec sa meilleure amie. Il s'est déguisé en Scoubidou lui-même il y a deux ans. J'ai hésité avant d'investir dans le costume, non pas parce qu'il était d'un genre sexuel différent mais parce que les petits garçons changent souvent d'avis. Après quelques requêtes supplémentaires, j'ai dit d'accord, et acheté le costume. Il était tout excité quand celui-ci est arrivé. Il était parfait. Plus on approchait du jour J, plus il était inquiet. On a discuté, et apparemment il avait peur qu'on rigole en le voyant. J'ai dit que si cela arrivait, ce serait parce qu'il était mignon et bien fait. Mais il a précisé que les rires seraient du genre “moqueries”. J'ai repoussé cette éventualité. Qui se moquerait d'un petit garçon déguisé? Et puis, le jour est arrivé. On s'est déguisé. En arrivant à son école, Boo n'a pas voulu sortir de la voiture. Il avait peur des regards et de ce que l'on dirait de lui. Je l'ai convaincu de rentrer à l'intérieur. Il s'est arrêté à la porte. Il était visiblement inquiet. J'ai mis ça sur le fait que c'était un garçon plutôt anxieux en général. Et, sérieusement, QUI SE MOQUERAIT D'UN PETIT GARÇON DÉGUISÉ POUR HALLOWEEN? Ainsi, il est entré. Il y avait plusieurs de mes amies qui était au courant, qui ont souri et lui ont tapé dans la main. On a descendu le couloir vers sa classe. C'est là que les choses ont dégénéré. Deux mères ont écarquillé les yeux et fait la grimace, l'air de se décomposer. Et je réalise que mon fils les a remarquées. Je dis donc: «Est-ce qu'il n'a pas l'air super?» Et la mère A dit d'un air dégoûté, «C'est lui qui a demandé à être ça?» Je réponds que bien sûr, à Halloween, on peut devenir tout ce qu'on veut. Elles continuent leur questions indiscrètes, inquisitrices, sur ce choix et mon refus de le convaincre de renoncer. La mère B est restée silencieuse, l'air consterné. Et puis la mère C s'est approchée. Elle était restée dans le hall, nous avait vu entrer, et nous a suivis pour me donner son avis. C'était que je n'aurais jamais dû «autoriser» cela, et que Dieu merci ce n'était pas l'an prochain, quand il serait à la maternelle, parce qu'alors je n'aurais pas eu le choix et j'aurais dû l'interdire. A ceci, j'ai répondu que je n'aurais pas fait une chose pareille, je ne voyais même pas de quoi elle me parlait. Et elle a continué longuement sur le fait que ses camarades allaient être méchants avec lui, qu'ils le ridiculiseraient. Ma réponse: les seuls à avoir un problème avec cela semblent être leurs mères. Une autre maman a évoqué les journées de solidarité de certains lycées, où les garçons s'habillent en filles et inversement. J'ai cité les Powderpuff Games, où les footballeurs s'habillent en pom-pom girls, et inversement. Ou n'importe quelle soirée étudiante (Mère A a dit que son mari avait été étudiant et que JAMAIS il ne s'était habillé en fille). Mais c'est bien le fond du problème: ce ne sont pas vos affaires. «Si ma fille avait voulu s'habiller en Batman, personne n'aurait trouvé à y redire.» Si vous pensez que si j'accepte que mon fils s'habille en fille pour Halloween, ça va le “rendre” gay, vous êtes une sotte. D'abord, l'idée est idiote. Ensuite, si mon fils est gay, très bien. Je ne l'aimerai pas moins. Enfin, je ne m'inquiète pas qu'en grandissant, votre fils devienne effectivement un ninja, alors fichez-moi la paix. Si ma fille avait voulu s'habiller en Batman, personne n'aurait trouvé à y redire. Personne. Mais ce qui me brisait le cœur, c'est que mon petit garçon, qui est si gentil et qui ne pense jamais à mal, avait eu raison de se faire du souci. Il savait qu'il y aurait des gens tels que A, B ou C. Et lui, à cinq ans, était inquiet de comment il serait perçu et de ce qui lui arriverait. Tout comme il était bouleversant de penser à ces parents qui ont perdu leurs enfants à cause des brimades qu'ils avaient subies. CE N'EST PAS NORMAL DE S'ATTAQUER AUX GENS. Même si on l'enrobe d'un joli papier et qu'on appelle ça de “l'inquiétude”. Ces femmes s'attaquaient à moi. Et à mon fils. MON fils. Il est évident que je ne maltraite pas mes enfants. Ils ne sont pas parfaits, mais ils apprennent à naviguer dans ce vaste monde, qui est parfois cruel. Et j'ai horreur que mon fils ait appris ceci face à des dames qui se disent chrétiennes. J'ai horreur qu'elles aient eu ces pensées, et encore plus qu'elles n'aient pas eu honte de les exprimer. J'ai horreur que le rose soit encore une couleur réservée aux filles et que mon fils ait besoin de courage pour être Daphné à Halloween. Et tout ce que j'espère pour mes enfants, et les vôtres, et ceux des mamans A, B, C, c'est qu'ils soient heureux. Si des collants mauves et une jupe en velours rendent mon fils heureux pour un soir, qu'il en soit ainsi. S'il veut porter un sac à main, ou épouser un homme, ou se faire les ongles avec sa meilleure copine, très bien. Mon boulot de maman n'est pas d'étouffer l'homme qu'il veut être, mais de l'aider à le devenir. Ce n'est pas de dire ce qui est “normal” et ce qui ne l'est pas, mais de l'aider à être quelqu'un de bien. J'espère que c'est ce que je fais. Et mon petit homme a porté son costume comme aucun autre. Il était canon avec sa perruque, et c'est tout ce que je voulais. |
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