04/12/2010 Dans un livre d'entretiens, Benoît XVI convient que le préservatif peut être «dans certains cas» un moyen de se protéger du sida. Une première dans l'histoire du Vatican, qui s'est toujours battu contre la capote, provoquant parfois des scandales retentissants. Les mots sont choisis, les situations évoquées sont extrêmes, mais la brèche ouverte n'en reste pas moins spectaculaire. Pour la première fois, un pape, Benoît XVI, admet l'utilisation du préservatif «dans certains cas», «pour réduire les risques de contamination» avec le virus VIH du sida, dans un livre d'entretiens à paraître mardi. «Un premier pas» A la question: «l'Eglise catholique n'est pas fondamentalement contre l'utilisation de préservatifs ?», le pape répond, selon la version originale allemande que mentionne l'AFP: «dans certains cas, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement». Jusqu'ici, le Vatican, opposé à toute forme de contraception autre que l'abstinence, réprouvait l'usage du préservatif même pour prévenir la transmission de maladies. En mars 2009, Benoît XVI avait d'ailleurs soulevé une immense polémique, en déclarant, lors d'un voyage au Cameroun et en Angola, que l'utilisation du préservatifs «aggravait» le problème du sida, pandémie dévastatrice en Afrique. «Banalisation du sexe» Pour illustrer son propos, dans ce nouvel ouvrage d'entretiens avec un journaliste allemand qui aborde une multitude de sujets (pédophilie, célibat des prêtres, relation à l'Islam, ordination des femmes...), le pape donne un seul exemple, celui d'un «homme prostitué», considérant que «cela peut être un premier pas vers une moralisation, un début de responsabilité permettant de prendre à nouveau conscience que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut». Même s'il ouvre une brèche, Benoît XVI rappelle que pour le Vatican, le préservatif «n'est pas la façon à proprement parler de venir à bout du mal de l'infection du VIH». «Se polariser sur le préservatif signifie une banalisation du sexe et c'est exactement le danger que beaucoup de gens considèrent le sexe non plus comme une expression de leur amour, mais comme une sorte de drogue, qu'ils s'administrent eux-mêmes», ajoute-t-il. 20 heures d'interviews Ce premier livre d'entretiens depuis que le cardinal allemand Joseph Ratzinger est devenu pape en 2005 doit être traduit en 18 langues. Intitulé «Lumière du monde», il est le fruit de 20 heures d'interviews réalisées entre le 26 et le 31 juillet dans la résidence de vacances pontificale de Castel Gandolfo avec le journaliste allemand Peter Seewald. Ce dernier est un ancien communiste reconverti au catholicisme après une rencontre avec le cardinal Ratzinger. |
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