11/01/2011 INTERVIEW. David Kato est l'un des trois militants ougandais qui avaient saisi la justice pour empêcher le tabloïd Rolling Stone d'outer des gays présumés. Il souligne que la décision de la cour, qui protège la vie privée, ne signifie pas que le projet de loi anti-gay vit ses dernières heures. Les homos ougandais ont gagné une bataille, mais pas la guerre. Lundi, la Haute Cour de justice de Kampala, la capitale, a interdit une fois pour toutes au journal Rolling Stone d'outer des gays. Au nom du respect de la vie privée. David Kato est chargé du plaidoyer et des litiges à Sexual Minorities Uganda (Smug). Il avait porté plainte contre le tabloïd avec Pepe Julian, chargée des programmes à Smug, et Kasha Jacqueline, directrice de l'association lesbienne Freedom and Roam Uganda (Farug). Selon le militant LGBT, la décision du juge Vincent Musoke-Kibuuke vaut de fait pour les autres médias - qui réfléchiront à deux fois avant de publier des listes de personnes perçues comme gays ou lesbiennes. Le projet de loi violemment anti-gay, dans les tiroirs du Parlement ougandais depuis plusieurs mois, va-t-il passer à la trappe grâce à cette décision de justice? Pas si simple... Comment Giles Muhame, le jeune rédacteur en chef de Rolling Stone, a-t-il accueilli la décision? David Kato: Il a déclaré qu'il ferait appel mais ses avocats ont dit qu'ils en resteraient là. Donc nous ne savons pas ce qu'il en est réellement. En revanche, Giles Muhame compte écrire au président Yoweri Museveni pour se plaindre de la décision du juge qui, dénonce-t-il, protège les homosexuels. Aussi, des pasteurs ont tellement mal pris le jugement qu'ils ont écrit un communiqué virulent... Quant à nous, nous avions déposé une plainte auprès de la haute cour et aussi auprès du Conseil de la presse afin qu'il blâme le Rolling Stone pour non-professionnalisme. Cette affaire suit toujours son cours. D'un côté, la justice condamne les outings de Rolling Stone et, de l'autre, le parlement pourrait voter la loi anti-gay... C'est la preuve que ce qui se passe devant une cour reste indépendant de ce qui se passe au parlement. Ce qui se passe devant la justice est dans la droite ligne des textes internationaux sur les droits humains, des principes internationaux de non discrimination que l'Ouganda signés. Maintenant, en ce qui concerne l'anti-gay bill, c'est au président que revient vraiment la responsabilité de dire qu'il suit les textes internationaux. Parce que les parlementaires pourraient voter le projet de loi pour des raisons religieuses ou de peur que les homosexuels «recrutent» leurs enfants. Qu'attendez-vous du président? Je pense que, couplée à la pression internationale, la décision de justice - qui reconnaît la place des homosexuels dans le pays - peut aboutir à un abandon du texte. Mais il faut vraiment que le président enterre purement et simplement le projet de loi anti-gay: celui du Nigeria est juste resté dans les tiroirs et, à tout moment, il peut ressortir... Nous voudrions aussi que le président prenne la parole pour dire aux gens de ne pas discriminer les homosexuels, de ne pas les arrêter... mais à cause des élections qui arrivent, il ne veut pas faire de commentaires et garde le silence sur l'homosexualité. D'autant que Rolling Stone a écrit que les gens ne vont pas soutenir un président pro-gay. |
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