01/02/2011 A la pointe du combat contre un projet de loi anti-homosexualité dans son pays, David Kato a été tué chez lui mercredi 26 janvier. Homophobie, crime crapuleux? Le mobile exact du meurtre n'est pas encore connu, la police enquête. David Kato craignait pour sa vie depuis les outings et les appels au meurtre homophobes du tabloïd ougandais Rolling Stone. Il avait même alerté les autorités. Mais mercredi 26 janvier, en début d'après-midi, le militant LGBT de 43 ans a été assassiné chez lui, à 15 km à l'Est de la capitale Kampala. Il aurait été battu à mort pour des raisons encore non élucidées. L'avocat de David Kato, John Francis Onyango, a expliqué à CNN que de l'argent et des vêtements avaient disparu, et que des mandats d'arrêts avaient été lancés contre deux suspects. «Un père, un mentor» En Ouganda, les compagnons de lutte de David Kato sont sous le choc. «C'est toujours difficile pour nous de croire que dans les prochains jours il ne nous appellera pas, il ne nous enverra pas de textos ou ne nous avertira pas de ce qui se dit dans les journaux ou se passe dehors», confie à TÊTU, effondré, Gerald (prénom modifié), administrateur chez Smug. Il ajoute que, plus qu'un ami fiable, David Kato était pour bien des militants du pays «un père, un mentor». L'image que Gerald gardera de lui? «David était très positif dans ses mots, ses actions, ses sentiments. Il était un actif réservoir de réflexions pour Smug. Il était brillant, intelligent. Un homme de parole.» Dans un communiqué publié ce jeudi, Human Rights Watch (HRW) demande à la police d'enquêter de façon «urgente et impartiale». L'organisation des droits humains américaine estime en outre que le gouvernement «devrait assurer que les membres de la communauté LGBT d'Ouganda soient adéquatement protégés des violences et agir rapidement contre toutes les menaces ou les discours haineux susceptibles d'inciter à la violence, la discrimination ou l'hostilité contre eux». Rassemblement lundi Faisant part jeudi des mêmes requêtes dans un autre communiqué, l'association française Tjenbé Rèd Fédération annonce qu'elle «adresse aujourd'hui une lettre à Michèle Alliot-Marie, ministre des Affaires étrangères, afin que la France présente officiellement les mêmes exigences». Elle organise par ailleurs un rassemblement sur le parvis des Droits de l'Homme à Paris, lundi 31 janvier entre 17h30 et 18h30, pour rendre hommage au chargé du plaidoyer et des litiges à Sexual Minorities Uganda (Smug). Après avoir été exposé à la vindicte par Rolling Stone, qui accusait les militants homosexuels de «recruter» la jeunesse ougandaise, David Kato et d'autres activistes avaient obtenu des dommages et intérêts devant la justice et surtout une injonction de la Haute cour interdisant à tout média de mettre sur la place publique le nom ou les coordonnées de tout homosexuel présumé. Sa disparition intervient alors que des élections générales et présidentielle sont prévues le 18 février - et que de nombreux militants plaident pour une répression accrue de l'homosexualité, sous l'influence croissante de pasteurs évangélistes américains. Sans doute les mêmes religieux qui soutiennent l'anti-gay bill du député David Bahati - un projet de loi que David Kato qualifiait d'anti-démocratique et anti-africain, appelant le président sortant Yoweri Museveni à «l'enterrer définitivement». Une doléance que réitèrent HRW et Tjenbé Rèd dans leur communiqué. |
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