16/02/2011 Inscrite sur les listes du Parti socialiste espagnol, Carla Antonelli pourrait, en cas d'élection, devenir la première transsexuelle à siéger dans un parlement Militante socialiste passée par les prisons franquistes, Carla Antonelli devrait bientôt devenir la première transsexuelle élue dans un parlement en Espagne, un pays à l'avant-garde en matière de lois en faveur des homosexuels. Cette femme engagée, à la belle chevelure frisée, figure sur les listes du Parti socialiste espagnol (PSOE) pour les élections de mai au parlement régional de Madrid, à une place qui l'assure quasiment d'être élue député. L'Espagne a déjà compté des conseillers municipaux transsexuels, dans deux communes, mais en cas d'élection, Carla Antonelli serait la première à siéger dans un parlement. Une prouesse au regard du parcours de cette femme, qui a quitté en 1977 son village natal de Güimar sur l'île de Tenerife, aux Canaries, où il était alors impensable de vivre ouvertement sa transsexualité. Dix semaines en prison Préjugés, insultes, «après avoir vécu dans un environnement marqué par l'exclusion, aujourd'hui on peut espérer avoir un siège au parlement», s'enthousiasme Carla Antonelli. Née sous le régime franquiste (1939-75) à une date qu'elle préfère ne pas dévoiler, cette transsexuelle a été, comme des milliers d'autres personnes pendant la dictature, emprisonnée à cause de son orientation sexuelle. «Deux mois et demi au total, aux Canaries et sur la péninsule», se souvient-elle. Sous le franquisme, une loi de 1954 sur les indigents, remplacée en 1970 par une loi sur la «dangerosité sociale», en vigueur jusqu'en 1979, permettait de poursuivre et d'emprisonner les homosexuels et les transgenres ou de les placer dans des centres de «rééducation». Franco meurt en 1975 et le pays engage une transition démocratique, mais la société porte encore les marques de la dictature. Reportage censuré En 1980, Carla Antonelli participe à un documentaire sur les transsexuels pour la télévision publique. Elle y critique la justice, qui interdit encore aux transsexuels de changer de nom sur leurs papiers d'identité. Le reportage est censuré, avant d'être finalement diffusé en septembre 1981. Pendant des années, encore homme sur ses papiers d'identité, Carla Antonelli rencontre des difficultés, notamment dans les aéroports. A Cuba par exemple, où elle est arrêtée plusieurs heures, ou au Venezuela, où les douaniers rient en découvrant son prénom masculin sur son passeport. Actrice à ses heures, elle s'engage dès 1977 pour la défense des droits des trans. Depuis 1997, elle travaille pour le PSOE et a activement participé à la préparation du programme socialiste pour les législatives de 2004, remportées par José Luis Rodriguez Zapatero. «On a réussi!» Depuis, l'Espagne a fait des pas de géant en matière de droits des LGBT. En 2005, le gouvernement approuve une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe. Deux ans plus tard, entre en vigueur une loi permettant aux personnes souffrant d'un «trouble de l'identité sexuelle» et qui suivent un traitement hormonal ou endocrinien, de changer d'état civil, sans même subir une opération chirurgicale de changement de sexe, une réforme défendue bec et ongles par Carla Antonelli. «On a eu du mal, mais finalement on a réussi», se souvient celle qui avait menacé d'entamer une grève de la faim, en apprenant que le gouvernement Zapatero pensait reculer la date d'approbation de cette loi. Le 22 mai prochain, elle espère faire un pas de plus vers la «normalisation», en se faisant élire au parlement de Madrid. |
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