22/02/2011 Le président Bingu Wa Mutharika a promulgué un texte qui rend les femmes homos -qui n'étaient jusqu'à présent pas concernées par la législation- passibles de cinq ans de prison. Le texte est justifié par la volonté de réparer une discrimination... dans la répression. Les lesbiennes du Malawi sont désormais des hors-la-loi. La nouvelle n'a pas fait grand bruit mais, courant janvier, le président Bingu Wa Mutharika a promulgué l'article 137A sur les «pratiques indécentes entre femmes». Que prévoit cet amendement du code pénal, adopté fin 2010 au parlement? «Toute femme qui, en public ou en privé, commet un acte de grossière indécence avec une autre femme [...] sera coupable d'une infraction et risquera cinq ans de prison». Une répression qui fait du Malawi l'un des rares pays africains à condamner spécifiquement les lesbiennes. Intervention de l'Allemagne Avant la promulgation, l'Association malawite pour un humanisme séculaire avait appelé le chef de l'Etat à «refuser» le texte - estimant que «le comportement inoffensif en privé d'adultes consentants ne constitue pas une source d'inquiétude légitime pour l'Etat». L'Allemagne avait pour sa part dénoncé «une grave régression». «J'exhorte le président [...] à ne pas signer cette loi et à plutôt honorer son engagement de travailler à la décriminalisation de l'homosexualité dans son pays», avait déclaré Markus Löning, commissaire du gouvernement fédéral pour les droits humains. Mais rien n'y a fait. Depuis, dans un communiqué, des organisations de la société civile africaine ont condamné l'amendement et ont appellé le gouvernement à l'abroger. Parce qu'il «viole directement les obligations légales» de non-discrimination que ce pays d'Afrique australe a ratifiées. Des inquiétudes que partage la Commission internationale des juristes, qui espère également une annulation. Pour «réparer une injustice» Pour défendre l'amendement, le ministre de la Justice et des Affaires constitutionnelles, le Dr George Chaponda, a expliqué que l'article 137A était destiné à réparer une injustice. Considérant l'homosexualité comme une importation occidentale, il a en effet souligné que l'article du 153 du code pénal ne réprimait auparavant que les gays, passibles de 14 ans de prison, alors que «des femmes aussi commettent des actes indécents»... Le Dr George Chaponda s'est exprimé ainsi lors d'une conférence de presse le 9 février à Lilongwe, la capitale, où il est revenu avec d'autres ministres sur les rumeurs de réduction de l'aide de l'Allemagne - estimée à 33 millions de dollars. Une réduction de moitié présentée par le quotidien en ligne malawite Nyasa Times comme une sanction des promesses non tenues, notamment en termes de lutte contre l'homophobie. Les Etats-Unis auraient quant à eux retardé la signature d'un accord d'aide de 350 millions de dollars. Mais, malgré les pressions financières, le gouvernement semble malheureusement déterminé à ne pas reculer. «Nous ne sommes pas prêts à changer les lois pour satisfaire les donateurs», a conclu le Dr George Chaponda. |
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