02/03/2011 Disparu en février, l'auteur et producteur Perry Moore menait un combat contre le mauvais traitement réservé aux personnages homos dans les comics américains. Une croisade pas si anodine, qui révélait les stéréotypes véhiculés à travers cet art populaire. Le monde connaissait Perry Moore comme producteur au cinéma du Monde de Narnia. Mais l'homme de 39 ans, mort le 17 février dernier à New York probablement des suites d'une overdose accidentelle, avait une autre casquette: défenseur des gays dans les «comics» américains. Le combat de Moore a commencé en 2005, quand l'éditeur des X-Men, Marvel Comics, décidait de sauvagement tuer le seul personnage ouvertement gay de la BD, Northstar, dont le coming-out en 1992 avait fait l'objet d'une grosse couverture médiatique. Cet épisode a conduit Moore, qui était gay, à dresser une longue liste de super-héros LGBT assassinés ou dépeints de manière négative. Outre Northstar, on y trouve la lesbienne Batwoman, «kidnappée, torturée et qui s'est plantée un sabre dans le ventre». Ou encore Batwin, le «super soldat» sadique de Guardians of the Galaxy, tué par un des héros de la BD. En 2007, pour donner une image plus juste des gays, Moore publiait un roman, Hero, dans lequel il racontait l'histoire d'un jeune super-héros tourmenté par sa sexualité et ses pouvoirs. «Oui, des choses terribles arrivent à tout le monde, même aux gays. Mais y a-t-il des représentations positives de personnages gays pour contre-balancer les images négatives?» s'interrogeait-il. Tabou L'homosexualité a longtemps été taboue dans la BD américaine. Jusqu'en 1989, le Comics Code Authority, qui régulait autrefois le contenu des bande-dessinées, interdisait aux deux grandes maisons d'éditions, Marvel et DC Comics, de l'évoquer. Dans les années 90, les personnages gays se multiplient dans la BD dite «mainstream». DC Comics introduit notamment le personnage de Terry Berg, le gay de Green Lantern, ou encore le couple de justiciers Midnighter et Apollo. Chez Marvel, The Young Avengers, du créateur gay Allan Heinberg, évoque l'histoire d'amour entre deux adolescents membres d'une équipe de super-héros. «Les créateurs sont blancs et hétéros» Mais quantité ne veut pas dire qualité. Les critiques affirment que les personnages gays sont souvent présentés de manière stéréotypée, dans des situations désavantageuses. Elles pointent notamment à Rawhide Kid, un cowboy version «grande folle» que Marvel a ressuscité en 2002. Jugée «insultante», la série a provoqué un tollé au sein de la communauté gay. «Le créateur des grandes maisons d'édition est blanc, hétérosexuel. Il ne comprend pas le mode de vie des LGBT, juge Vito del Sante, manager de Jim Hanley's Universe, le plus grand magasin de BD à New York. Aujourd'hui, l'idée est de remplir un quota: il faut avoir un personnage hispanique, un noir, un gay, etc.» «Il y a des créateurs gays mais ils ne dominent pas le genre, observe Edward Sewell Jr., co-auteur de Comics and Ideology. Cela prendra du temps à changer». Et Perry Moore n'est déjà plus là pour le voir. |
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