11/03/2011 L'université Rutgers a annoncé le lancement d'un programme pilote autorisant les cohabitations mixtes dans ses résidences universitaires, cinq mois après le suicide d'un étudiant gay harcelé. Vrai progrès ou une fausse bonne idée? Permettre à des étudiants et des étudiantes de partager une même chambre: est-ce la solution au harcèlement anti-gay dans les universités américaines? L'université Rutgers ose le mélange des genres. Elle a annoncé début mars le lancement d'un programme pilote de logement dit de «sexe neutre» («gender-neutral») dans trois de ses résidences à la rentrée 2011. Concrètement, les étudiants pourront inscrire dans leur dossier de demande de chambres le nom de la personne, garçon ou fille, avec qui ils souhaitent vivre pour au moins un an. Cent candidatures seront retenues. «Un pas très important» La mise en place du programme, réclamée depuis plusieurs années au sein de l'université, la plus importante du New Jersey, a été accélérée après le suicide de Tyler Clementi en septembre dernier. L'étudiant de première année s'est jeté d'un pont vraisemblablement à la suite de la diffusion d'une vidéo tournée par son colocataire et une de ses amies le montrant dans un moment d'intimité avec un autre garçon. Les groupes gays sur le campus avaient alors fait pression sur l'administration pour qu'elle permette aux étudiants qui le souhaitent de vivre avec un individu du sexe opposé. Une mesure qui réduirait les risques d'harcèlement, selon ses partisans. «On peut toujours faire mieux, mais c'est un pas très important pour créer un environnement plus sûr pour les étudiants LGBT» souligne Rene Melara, co-président de Rutgers University Pride, un des nombreux groupes gays à Rutgers. Rutgers n'est pas la seule université à adopter cette politique. Réponse aux cas d'harcèlements anti-gay ou argument marketing, le nombre de campus «gender-neutral» explose outre-Atlantique selon The National Student Genderblind Campaign, une organisation qui soutient le lancement de telles initiatives à travers les Etats-Unis. Plus de cinquante universités auraient déjà sauté le pas, dont la prestigieuse Columbia University à New York. «Un choix supplémentaire» Interrogé sur la tentation de repli sur soi qui peut résulter d'un tel dispositif, le co-fondateur du groupe précise que très peu d'étudiants - «2% en moyenne de ceux qui sont logés sur le campus» - choisissaient de vivre avec un roommate du sexe opposé dans les universités qui proposent cette option. «Il s'agit simplement de donner aux étudiants un choix supplémentaire. Ils ont le droit de décider avec qui ils veulent habiter», souligne Jeffrey Chang, qui est également étudiant en droit à Rutgers. Il n'est pas évident qu'un tel programme ait pu éviter la mort de Tyler Clementi. Le jeune homme de 18 ans avait certes fait l'objet de cyber-harcèlement par son roommate, un garçon de 18 ans, mais aussi par une amie, ce qui peut conduire certains à rejeter le postulat selon lequel un étudiant gay serait plus en sécurité en partageant sa chambre avec une fille. «Beaucoup d'enthousiasme» Par ailleurs, le programme ne s'appliquera pas aux étudiants de première année, comme Tyler. Cette population est pourtant davantage à risque car souvent déracinée et désorientée dans l'univers nouveau du «college» américain. L'université précise néanmoins que ses nouveaux étudiants auront la possibilité de contacter un de ses services pour demander à être mis en relation avec un roommate «friendly». «Je pense que beaucoup d'étudiants vont intégrer le programme. Il y a beaucoup d'enthousiasme au sein de l'université, assure Jenny Kurtz, directrice du Centre de Justice sociale et des communautés LGBT à Rutgers, un bureau de l'université qui a contribué à la mise en place du programme pilote. Des sondages et des «focus groups» auront lieu tout au long de l'année pour l'évaluer et envisager sa pérennisation. |
Webmaster / Éditeur : Monclubgay.com © | Réalisation : Nichetoo.net | ||
Conditions d'utilisation |
|