15/03/2011 Débat sur l'union civile, kiss-in à Lima: à un mois de l'élection présidentielle au Pérou, les homos investissent le débat politique et l'espace public dans un pays où l'homosexualité reste taboue. Les choses bougent A un mois de l'élection présidentielle, le 10 avril prochain, le favori des sondages Alejandro Toledo a pris le risque politique de se dire prêt à instaurer l'union civile pour les personnes du même sexe, alors qu'une écrasante majorité des électeurs est hostile à cette idée (69,5%). La réforme, qui accorderait aux homosexuels les mêmes droits patrimoniaux qu'aux hétérosexuels, serait probablement défaite au Parlement, mais la position inédite de Toledo montre que les choses bougent dans ce pays catholique à 80%. «Nous ne faisons pas la promotion (du mariage homosexuel), mais nous soutenons pleinement l'union civile», a déclaré l'ex-président centriste de 64 ans (2001-2006), qui vise un deuxième mandat. «Nous oeuvrons pour une société intégratrice, pas pour un Etat répressif» Kiss-in revendicatifs «C'est la première fois que le sujet est abordé dans une campagne électorale et s'invite même en tête des débats», estime l'historien politique Antonio Zapata. Il rappelle qu'aucun politique gay ou lesbienne ne s'est jamais affiché comme tel au Pérou. «Ils ont la conviction profonde que cela ruinerait leur carrière», dit-il. Mais l'environnement change. Keiko Fujimori, la fille de l'ancien président autoritaire du Pérou considérée comme une candidate sérieuse du haut de ses 35 ans, s'est elle aussi dite favorable au principe de l'union civile. Le candidat de gauche Manuel Rodriguez Cuadros a défendu le mariage, mais il pèse 1% dans les sondages. Enhardie par ce débat, la communauté gay et lesbienne sort de l'ombre pour défendre ses droits. A deux reprises en février, des couples gays et lesbiens ont convoqué un rassemblement impromptu sur la Place d'armes de Lima, pour des kiss-in revendicatifs. La première fois, la police les a évincés brutalement, suscitant une vague de réprobation (lire notre article). Mais les couples sont revenus le samedi suivant, entourés de politiques soutenant leur cause. Seule riposte: un groupe de «contre-manifestants» catholiques ont prié trois heures durant sur le parvis de la cathédrale. «Pédés, c'est comme ça qu'on dit, non?» La plus virulente opposition à l'union civile vient effectivement de l'Eglise catholique, qui par ses critiques a paradoxalement donné beaucoup plus d'écho au débat. Son chef de file, Mgr Juan Luis Cipriani, issu de l'Opus Dei, puissante organisation catholique conservatrice, a sommé tous les candidats à la présidentielle de se prononcer sur le sujet: «pour savoir pour qui on va voter». Un influent évêque péruvien, Luis Bambaren, a dû lui s'excuser publiquement après avoir insulté les homos. «Pourquoi parle-t-on autant de gay, gay, gay? On parle espagnol ici. Pédés, c'est comme ça qu'on dit non?», avait-il déclaré, suscitant une levée de boucliers. «Avenir prometteur» Le Mouvement homosexuel de Lima (MHOL) a salué une reconquête «historique» de l'espace public. «L'avenir est prometteur mais il ne faut pas baisser la garde, car nous restons dépendants de ce qui se joue au Parlement", estime prudemment Antonio Rodriguez. Cet homme a célébré son «mariage» symbolique avec son fiancé en plein air pour la Saint-Valentin, en présence de la nouvelle maire de Lima, Susana Villaran, un soutien de taille. «La proposition (de l'union civile) a fait du bruit, mais il me semble qu'un consensus commence à se former. Pas mal de gens qui s'opposaient au mariage gay sont aujourd'hui d'accord avec l'idée que les droits d'un couple doivent être légalement protégés», se réjouit Antonio Zapata. |
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