17/03/2011 A Munich, les organisateurs du «Christopher Street Day» ont voulu féminiser le nom de la marche pour visibiliser les lesbiennes. Las, après deux semaines de débats passionnels, le comité organisateur a été forcé de faire marche arrière devant les protestations virulentes de certains gays. Dans les médias, on parle souvent des gays mais peu des lesbiennes. C'est après avoir fait ce constat que les organisateurs de la gay pride de Munich ont voulu mettre les filles à l'honneur lors des prochaines festivités, les 9 et 10 juillet prochains. Les Allemands appellent «CSD», pour «Christopher Street Day», notre Marche des Fiertés à nous. Un nom qui rend hommage aux émeutes de 1969, devant le bar Stonewall, sur la Christopher Street à New York. Les organisateurs de la CSD munichoise ont donc transformé ce nom en «Christina Street Day», beaucoup plus féminin. L'idée, plutôt rigolote, venait d'un garçon, Thomas Niederbühl, et restait symbolique car les Allemands s'en tiennent généralement aux initiales «CSD» pour désigner leur gay pride... Mais elle n'a pas du tout plu à certains de ces messieurs, qui ont protesté avec virulence. Au point que le comité organisateur a finalement fait marche arrière le 11 mars. Un débat sur Facebook Ce n'est pas tant la pétition déposée dans plusieurs cafés de la villes, ainsi que sur Facebook, qui a inquiété les organisateurs de la CSD, mais plutôt les commentaires parfois limites de leurs opposants. Par exemple, sur le réseau social, les 550 membres du groupe ont posté des commentaires glissant du léger vers le bête et méchant, jusqu'à la caricature. Ainsi, quand un garçon s'étonne de la faible présence féminine, un autre répond «elles sont trop occupées à emménager chez leur copine». Plus grave, un internaute a créé une page «Christina Street» sur le site Stupedia, parodie de Wikipedia. Devant cette polémique enflammée, le site d'informations allemand Queer.de a mis en ligne un sondage: 82% des votants se sont exprimés «contre une déformation de l'histoire complètement absurde» car, selon eux, les lesbiennes n'étaient pas à Stonewall. «Faux» ont répondu des filles via un «contre-groupe» sur Facebook, qui replace à sa juste valeur la contribution des lesbiennes au mouvement homo. Règlement de compte plus profond En accusant les organisateurs de révisionnisme, les détracteurs du nouveau nom touchent un sujet sensible en Allemagne: le fait que, pendant les années 70, les lesbiennes leur ont parfois tourné le dos pour se focaliser sur les mouvements féministes. Les garçons leur reprochent de ne s'être ralliées à eux que lorsque le mariage homo est devenu un objectif commun, l'union faisant la force. Ainsi, le militant de longue date pour les droits homosexuels Guido Vael affirme sur Queer.de que «les lesbiennes ne se sont pas battues main dans la main avec leurs frères gays pour combattre l'oppression». Ce changement de nom symbolique a donc relancé ce débat et a mené à un règlement de compte plus profond. En voulant améliorer la visibilité des lesbiennes, c'est tout le travail effectué ensemble par les gays, les lesbiennes et les trans qui a été remis en questions. Or, selon Thomas Niderbühl, «c'est justement après ce débat que la visibilité des lesbiennes doit rester le point fort de la CSD». Il était donc urgent de trouver un compromis: faire marche arrière pour le nom mais mettre l'accent sur les lesbiennes dans les festivités. Espérons que dans cinq petits mois, le slogan «ensemble pour nous tous» sera vraiment d'actualité. |
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