29/03/2011 La télévision belge est allée retrouver Peter et Laurent, le couple gay longtemps séparé de leur petit garçon, pour savoir comment se déroulent leurs retrouvailles. Regardez ce reportage très émouvant. La dernière fois que nous avions parlé d'eux, Laurent et Peter venaient enfin de retrouver leur fils Samuel, presque trois ans après sa naissance. Le petit garçon avait passé un an dans un orphelinat, en Ukraine où il est né, car la Belgique refusait d'émettre un passeport en son nom à cause de son mode de conception. En effet, il est né d'une mère porteuse. Son papa biologique est Laurent, 27 ans, belge francophone. Peter, néerlandophone de 35 ans, est donc le second papa. Un reportage télévisé nous permet donc de reprendre des nouvelles et de savoir comment se passe la vie de cette famille enfin réunie dans leur maison, près de Montpellier, en France. Un enfant trop sage «Au début, il était presque trop sage, raconte Peter. Les trois premiers jours, il n'a presque pas pleuré, il ne s'est jamais plaint. Cela nous a inquiété: peut-être qu'il se faisait trop gronder dans l'orphelinat?» «On a a créé des rituels qui l'ont stabilisé (dans sa nouvelle vie), renchérit Laurent. Il mange à heure fixe, il dort à heure fixe, on a la petite lecture du soir… C'est des choses qui l'ont pas mal rassuré dans un premier temps.» «Les premiers jours, il fourrait de la nourriture dans sa poche pendant les repas, dit Peter. On se dit que peut-être il était privé dans son orphelinat, et qu'il a développé ce réflexe de survie.» Le couple pense que la mobilisation du public, notamment en Belgique, suite à la médiatisation de leur affaire, a permis de débloquer la situation vis-à-vis du ministère belge des Affaires étrangères. Peter et Laurent ont toujours peur que Samuel connaisse des problèmes de développement, mais pour l'heure il est réactif, il s'attache facilement aux adultes qui l'entourent, et l'apprentissage du français ne pose aucun problème. «Je pense que c'était le bon moment pour qu'il apprenne la langue qu'il entendra sans doute durant toute sa vie, car il commençait à comprendre et à parler l'ukrainien. «Il apprend vite, raconte Peter, même s'il utiilise encore des mots ukrainiens» telle que «kit» pour «le chat». «Papa» et «Papou» Et il apprend aussi à nommer ses papas. «C'est Laurent qui s'appelle “papa”, explique Peter. On l'avait décidé dès le départ car il est le père biologique, et on ne veut pas le cacher. On a cherché un autre mot pour moi. “Papie” ça fait trop vieux (rires), “Vake” (dialecte néerlandais) je n'aime pas, d'où le nom de “Papou”. Donc il m'appelle… “Pou”!» L'enjeu est maintenant de convaincre Samuel qu'il est à la maison pour de bon. «Quand des journalistes sont venus d'Ukraine pour nous interroger, ils ont parlé à Samuel en ukrainien et il s'est aussitôt fait pipi dessus, puis il est parti en courant. Il a dû croire qu'il devrait repartir là-bas. Je crois qu'il associe ce langage à un passé qui était si horrible. Quand on y pense, ce qu'il a dû vivre est si triste…» dit-il, trop ému pour poursuivre. Le village a suivi l'affaire Les nuits du petit Samuel sont encore agitées et il a des angoisses de séparation. Un psychologue pour enfants suit encore la famille, deux fois par mois, mais les papas se posent mille questions. «Pour le futur, on se demande s'il va poser des questions, ou s'il n'aura aucun dommage psychologique par rapport aux deux ans qu'il a passé en orphelinat. On a des personnes qui nous aident à répondre à toutes ces questions», confie Laurent. «Pour le moment, ça va, mais il y aura des étapes. L'an prochain il va parler couramment, il ira à l'école, puis il va traverser la puberté, ça va sans doute faire remonter des choses. Il sera peut-être attiré par les grosses infirmières russes!» dit Peter en riant. Peter vient de Leuven, en Flandres, et Laurent vient de Bruxelles, mais ils habitent à Lodève, une petite ville à l'ouest de Montpellier. Samuel y est le seul enfant avec deux papas mais «on a été très bien acceptés dans le village, il n'y a aucun souci, raconte Laurent. Presque tout le monde est au courant de notre parcours, de ce combat qu'on a mené. On a trouvé une petite école tout près de chez nous, à moins de dix mètres. Il va y entrer en septembre, et en fait on s'est rendu compte qu'il y a un autre couple dans le même cas que nous, et ils ont une petite fille à peu près du même âge que Samuel. L'air de rien, les instituteurs seront au courant, et pour eux ce sera juste un enfant de plus auquel il faudra faire un peu plus attention. Polémique Peter et Laurent ont aussi été critiqués pour n'avoir pas suffisamment vérifié en amont qu'ils obtiendraient un passeport pour Samuel. Mais selon eux, l'ambassade n'a pas été assez claire sur ce point. Maintenant, c'est explicite: les couples qui ont recours à une mère porteuse n'auront pas la même chance, et il devrait même y avoir bientôt en Belgique une loi contre la GPA (gestation pour autrui). «C'est le travail de faire le lien entre la loi belge et la loi ukrainienne et de stipuler précisément qu'il y a incompatibilité, qu'ils ne reconnaîtront pas l'acte de naissance» explique Peter. Veulent-ils des autres enfants? «Oui! lance spontanément Laurent. On n'a jamais voulu avoir un fils unique. Mais ça n'arrivera pas tout de suite. On est tous les deux d'accord pour passer au moins deux ans à choyer notre fils et à le protéger, mais si on a une autre opportunité, je ne sais pas comment, peut-être une adoption, c'est clair qu'on sautera dessus.» Encore une mère porteuse? «Non, je ne crois pas», dit-il enfin. |
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