11/04/2011 Le champion de lutte libre vient de lancer un site internet pour tenter de mettre au sol un adversaire coriace: l’homophobie et la transphobie dans le sport. Comme lutteur, Hudson Taylor est habitué à mettre des montagnes de muscles au tapis. Mais son adversaire du moment pourrait s’avérer encore plus coriace que les précédents. A 24 ans, le champion américain de lutte part en guerre contre l'homophobie et la transphobie dans le sport. Après s'être affiché en combat avec le logo du lobby pro-gay Human Rights Campaign collé sur le casque, voilà que le beau gosse aux muscles d’acier lance un site internet, Athlete Ally, pour exhorter le monde du sport à respecter les LGBT. Depuis son lancement en janvier, plus de 2.400 personnes ont signé un engagement en ligne pour davantage de tolérance et Hudson n’en finit pas de faire le tour des médias et des écoles pour en parler. Bientôt marié «L'homophobie fait partie intégrante du sport. Le discours homophobe est courant dans les vestiaires, confie-t-il à TÊTU lors d’un rendez-vous à l’université new-yorkaise Columbia University, dont il coache l’équipe de lutte. Être homosexuel est considéré comme incompatible avec la réussite sportive.» Hudson n'a pas le profil-type du militant pro-gay. Il est hétéro, bientôt marié, et a grandi dans un milieu chrétien évangélique. Navette théâtre-vestiaires A l'université du Maryland, trois fois couronné du titre suprême d'«All-American wrestler» – ou meilleur lutteur – de sa division, il assure le capitanat de l’équipe tout en étudiant le théâtre. A cheval entre le tapis et la scène, il prend conscience de l’homophobie dans les vestiaires. «Dans mon cours de théâtre, mes amis faisaient leur coming out tous les mois. C’était une grande célébration à chaque fois. Nous étions tous contents pour ces personnes qui faisaient un pas important dans leur vie et devenaient plus vraies vis-à-vis d'elles-mêmes, se souvient-il. Puis je traversais le campus pour entendre mes coéquipiers, les gens avec lesquels j’étais censé être le plus proche, tenir un langage homophobe. Cela m’a vraiment affecté.» Hudson assure que le problème n’est pas cantonné à la lutte. Il gangrènerait le sport universitaire américain dans son ensemble. Ainsi en février dernier, le magazine sportif ESPN consacrait un dossier aux techniques utilisées par les recruteurs de basket-ball universitaire pour écarter les candidates lesbiennes. La situation n’est guère meilleure dans le sport professionnel, sur les terrains comme dans les tribunes. Pour ne citer qu’eux, les supporters des New York Rangers ont pris l’habitude de scander «Ho-mo La-rry» pour encourager un fan, Larry Goodman, qui entamait une danse dix minutes avant la fin des matches. Une tradition qui a indigné plus d’un fan gay de l’équipe de hockey. «Il faut une masse d'alliés» Pour Hudson Taylor, la persistance de propos homophobes dans les vestiaires tient à la nature compétitive du sport universitaire aux Etats-Unis: «La première chose qu’on apprend pour blesser quelqu’un est de lui dire qu’il est gay. Cela ne veut pas dire que ceux qui profèrent ces insultes sont homophobes, mais ils savent que c’est un mot qui rabaisse dans un environnement masculin, où il faut être le meilleur.» «On dit que le coming out de sportifs de haut niveau changera la culture dans le sport, mais je ne le crois pas, poursuit-il. Tant qu'il n'y aura pas une masse d’alliés hétéros qui prendront leur défense, ces sportifs LGBT resteront dans le placard.» |
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