13/04/2011 REPORTAGE. Dans l'ancien satellite de l'Union soviétique, la discrimination et les mauvais traitements à l'encontre des minorités sexuelles sont courants, mais une association milite pour une mobilisation politique. Lorsque Zaya a confié il y a cinq ans à ses sœurs qu'elle était lesbienne, elles lui ont demandé ce qui ne tournait pas rond chez elle. Et lorsque son père l'a appris, il a réagi par un accès de violence. «Il est venu vers moi et m'a battue, durement, tout en me demandant si j'étais lesbienne. J'étais tellement effrayée que je lui ai dit que je ne l'étais pas», raconte cette femme de 25 ans aux cheveux courts. Alors que sa mère et ses soeurs ont petit à petit accepté son orientation sexuelle, Zaya, qui n'a qu'un seul nom comme beaucoup de Mongols, continue de cacher la vérité à son père. «Nous avons peur de ce qui pourrait arriver. C'est un homme agressif, il ne comprendrait pas», assure la jeune femme qui porte un tee-shirt avec le slogan «la paix commence avec moi» inscrit sur le dos. Discrimination et violences La discrimination et les mauvais traitements à l'encontre des minorités sexuelles sont courants en Mongolie, selon un rapport présenté en novembre dernier à la Commission de l'ONU pour les droits de l'Homme. «Presque tous ont une histoire de discrimination et de violence à raconter», affirme Robyn Garner, une Australienne qui dirige depuis sept ans dans la capitale mongole le Centre des lesbiennes, gays, bi et transgenres (LGBT), la première organisation non-gouvernementale en Mongolie pour les droits des minorités sexuelles. La stigmatisation des homosexuels dans ce pays de 2,7 millions d'habitants a pris racine alors que le pays était, jusqu'en 1990, un satellite de l'Union soviétique. Au cours des derniers mois, plusieurs hommes homosexuels ont été tués, et leurs assassins courent toujours. La discrimination et les violences sur le lieu de travail contre cette communauté sont aussi monnaie courante, selon Mme Garner. Une association existe La terminologie véhiculée par les médias mongols à l'encontre des homosexuels renforce les préjugés, estime de son côté Otgonbaatar Tsedendemberel, militant de longue date pour les droits des LGBT. «Ils nous décrivent typiquement comme des pervers et des cinglés». Un rapport américain sur les droits de l'Homme en Mongolie publié en 2009 avait relevé que certains médias «décrivent les gays et les lesbiennes par des termes péjoratifs et associent l'homosexualité au sida, à la pédophilie et à la dépravation de la jeunesse». Pour lutter contre ces préjugés, le Centre LGBT a récemment rédigé un manuel pour la presse. L'ONG a dû se battre pour que le gouvernement accepte, fin 2009, de l'enregistrer, après une intervention du conseiller pour les droits de l'Homme du chef de l'Etat. Auparavant, le ministère de la Justice avait considéré dans une lettre de refus que le nom de l'association était «contraire aux mœurs et traditions mongoles et pouvait fournir un mauvais exemple aux jeunes et aux adolescents». En l'attente d'une loi Otgonbaatar espère qu'une législation antidiscrimination pourra bientôt être présentée au parlement. Le mois dernier, plus de 80 pays ont présenté une initiative à la Commission des droits de l'Homme de l'ONU pour appeler la communauté internationale à mettre un terme aux discriminations qui frappent les LGBT. La Mongolie faisait partie des pays signataires. «Même si une loi antidiscrimination est votée, il faudra attendre que les mentalités évoluent», admet Mme Garner. Beaucoup pensent que l'homosexualité est un phénomène occidental, relève Otgonbaatar qui rit en se souvenant de quelqu'un lui disant: «Je pensais que ça n'existait que dans les films hollywoodiens». |
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