23/05/2002 Envisagées depuis plusieurs années pour contrecarrer les lourds effets secondaires des multithérapies anti-sida, les "interruptions programmées de traitements", ou vacances thérapeutiques, semblent efficaces, à condition toutefois que les médecins fassent preuve de suffisamment de pédagogie pour convaincre leurs patients de sauter le pas. Les résultats des essais présentés la semaine dernière à Paris à l'occasion du 5ème séminaire de recherche clinique de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) pourraient ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques. Malgré leur puissance, les cocktails de médicaments actuellement administrés aux malades du sida ne sont toujours pas capables de faire disparaître le virus. Tout au plus de le tenir à distance. Ces traitements - qui en principe doivent être pris à vie - sont encore très contraignants à suivre et très chers. Surtout, ils sont assortis d'effets secondaires graves qui pèsent sur la qualité de vie des patients et risquent de les pousser à renoncer à se soigner. Les complications se manifestent notamment par des troubles de la répartition des graisses - perte du tissu adipeux sous-cutané ou accumulation de graisses au niveau abdominal - mais aussi par une augmentation des triglycérides et du cholestérol, une résistance à l'insuline et, même, une importante augmentation du risque d'infarctus. Pour pallier ces inconvénients et éviter les abandons anarchiques, les chercheurs ont mené plusieurs essais d'arrêts sous contrôle médical aux résultats très prometteurs. Virologues et immunologues ont distingué trois cas de figure: les patients qui viennent d'être infectés, ceux dont le traitement est un succès et ceux qui, au contraire, vont d'échec en échec. La bonne surprise est que ces interruptions temporaires de traitements semblent payantes presque à tous les coups. Chez les malades nouvellement infectés, "les interruptions thérapeutiques n'ont pas d'effets délétères à court terme et peuvent être réalisées dans de bonnes conditions de sécurité", estime ainsi le Pr Bruno Hoen (hôpital Saint-Jacques, Besançon), qui a coordonné un des essais (Primstop). De la même façon, pour les patients en succès thérapeutique, "il paraît aujourd'hui raisonnable de proposer une interruption thérapeutique quand une restauration du système immunitaire satisfaisante a été obtenue et que la charge virale est sous contrôle depuis au moins six mois", affirment les spécialistes. Un premier schéma thérapeutique consiste à arrêter le traitement pendant huit semaines puis à le reprendre pour la même durée. Le second propose un mois d'arrêt, puis trois semaines de multithérapie. Les résultats de ces deux essais, qui ont débuté en novembre 2001, devraient être connus prochainement. Pour les patients en échecs répétés, la situation est encore plus éclatante: au bout de vingt semaines, les résultats de l'essai en cours se sont révélés tellement bons qu'il a été arrêté afin que tous les malades puissent bénéficier des améliorations obtenues. "Nous observons rarement une telle efficacité virologique chez des patients à ce stade de l'infection et de surcroît en multi-échecs thérapeutiques", a indiqué la Pr Christine Katlama (hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris), principale responsable de cet essai. "Cet essai démontre que le concept d'interruption thérapeutique chez des patients en multi-échec est valide et que, même à un stade très avancé de l'infection par le virus de l'immuno-déficience humaine, l'échec n'est pas une fatalité", a-t-elle ajouté (avec AFP). |
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