24/05/2011 RENCONTRE. Wan Yanhai, un des principaux militants chinois pour les droits LGBT était de passage à Paris ce week-end. L'occasion de revenir sur son parcours de dissident et sur la vie des homos en Chine, en lutte contre leur gouvernement. Au premier abord, son sourire et son ton posé ne laissent pas deviner sa détermination acharnée. Pourtant, son parcours de militant est hors-norme, ses combats risqués et son principal ennemi redoutable. Wan Yanhai est un des principaux militants pour les droits LGBT et la lutte contre le sida en Chine. Aujourd'hui, victime de l'autoritarisme du gouvernement chinois, il s'est exilé aux Etats-Unis. De passage à Paris, il a rencontré samedi quelques militants LGBT français, à l'invitation du Queen Boat, un groupe de réflexion proche du PS. «Hooliganisme» L'engagement de ce médecin est né dans les années 90. A la tête d'importantes organisations de lutte contre le sida, il s'est rebellé contre les autorités chinoises, qui s'entêtaient à nier officiellement la présence de l'épidémie dans le pays. Puis il s'est battu pour les droits LGBT et a notamment contribué à la décriminalisation de l'homosexualité en Chine. «Aucun travail spécifique n'avait été mené, se souvient-il. L'homosexualité était comprise dans le délit plus large d'hooliganisme qui a fini par disparaître, entraînant de fait la décriminalisation de l'homosexualité.» Aujourd'hui, les homos chinois restent dans cet entre-deux paradoxal, ni admis, ni persécutés, sous la menace d'une dictature omniprésente, sans en être les cibles prioritaires. «Après avoir parlé des droits LGBT dans un talk-show, j'ai reçu plusieurs appels de dirigeants. Certains ont dit me soutenir, d'autres m'ont juste fait part de leur désaccord», explique par exemple Wan Yanhai, tout en rappelant ce que peut entraîner la simple désapprobation du parti. Il en a déjà subi les conséquences et a eu droit à des baisses de salaires, des licenciements et un séjour en prison. Obligation de discrétion Mais pour lui, si Pékin brime la vie LGBT, c'est plus par stratégie politique et pour étouffer toute opposition, que par simple homophobie. «Pour le gouvernement, le fait d'être gay est en soi moins un problème que la naissance d'une communauté politique ou sociale organisée, affirme-t-il. De même, les autorités ne seraient peut-être pas contre le mariage homo. Mais ce sujet est sensible, il pourrait provoquer de fortes oppositions, et le gouvernement ne prendra pas le risque de voir une question LGBT créer des débats et des troubles dans la société.» Les homos chinois ont comme intégré cette obligation de discrétion et la possibilité d'une répression. Ils restent condamnés à l'underground et aux soirées privées, qui peuvent encore être risquées si elles sont publiquement annoncées. Seul refuge pour contourner cette chape de plomb selon Wan Yanhai: Internet, largement contrôlé en Chine. «Dans le pays, aucun média gay indépendant n'existe, la question n'est quasi jamais abordée ailleurs et les films sont soumis à la censure. Internet est crucial pour rencontrer des gens et organiser des événements mais, à l'heure actuelle, on ne peut pas garantir notre sécurité sur le net, qui est sous surveillance du gouvernement.» Aucune information de prévention Pour Wan Yahnai, un web libre serait aussi l'outil parfait pour améliorer la prévention contre le Sida. «Un jeune qui se découvre gay n'a accès à aucune information sur la prévention, déplore-t-il. Beaucoup vont dans les sex-clubs et se retrouvent contaminés. Comme d'habitude, le gouvernement est paradoxal. D'un côté, il essaye d'améliorer la prévention et on note des progrès, mais d'un autre, il est très difficile d'avoir accès à des préservatifs et ceux qui en possèdent peuvent être inquiétés.» Et il rappelle que ses concitoyens ont besoin de plus de soutien de la part des pays étrangers, pour enfin avoir accès facilement à des préservatifs ou à un Internet libéré de la censure. |
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