27/05/2011 La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a décidé de retirer des écoles le kit contre l'homophobie. Les associations de défense des droits LGBT dénoncent les pressions des lobbies religieux. Dilma Rousseff, chef d'Etat du Brésil depuis janvier, a personnellement mis un terme, mercredi, à la diffusion de films contre l'homophobie dans les écoles brésilienne. Ce kit de prévention, intitulé «Ecole sans homophobie» et distribué par le ministère de la Santé et de l'Education, contenait trois courts-métrages: l'histoire d'un couple lesbien dont la relation est rendue publique sur Facebook sans son consentement, celle d'un jeune homme assumant sa bisexualité et l'histoire d'une trans. Le tout via un traitement visuel plutôt chaste et distancié. C'est Gilberto Carvalho, le porte parole de la «dame de fer», surnom que lui ont donné les Brésiliens, qui a fait cette annonce. Motif: Dilma Rousseff n'aurait «pas aimé ce qu'elle a vu» et que les court-métrages ne présentaient «pas une vision objective de l'homosexualté». Dorénavant, il a précisé qu'«afin de ne pas générer ce type de polémique qui finit par être préjudiciable à la cause pour laquelle il est destiné, ce genre de matériel scolaire sera produit à partir de consultations plus larges». Des pressions trop fortes Mais la suspension de la diffusion du kit pédagogique «Escola sem homophobia» pourrait bien s'expliquer surtout par les pressions qu'ont exercé les lobbies religieux. C'est ce que dénoncent en tout cas les militants LGBT. Dans ce pays qui compte cent millions de catholiques, l'influence des Eglises évangéliques reste très importante. Plusieurs membres de la chambre des députés, proches des Eglises évangéliques chrétiennes, ont déclaré que «ces kits d'éducation sexuelle encouragent un comportement homosexuel.» D'autres, comme la leader du Parti de la République (principal parti de droite) estiment qu'«il faut plus de précautions pour que le remède ne soit pas surdosé». Les réprésentants politiques plus au centre ont également émis des réserves sur le message transmis par ces films. La menace de perdre des voix cruciales pour son parti lors des prochaines éléctions au Congrès aurait donc fait basculer Dilma Rousseff en faveur de la censure. «J'appellerai les gays à ne plus voter pour elle» Dans les rangs des associations de défense des droits LGBT, on fait grise mine. Pour Jean Wyllys, premier député brésilien ouvertement gay mais aussi militant dans la lutte contre l'homophobie, c'est la déception: «J'ai voté pour elle aux dernières éléctions, déclare-t-il, parce que je pensais qu'elle défendrait les droits des citoyens LGBT. Si elle ne change pas d'avis et d'état d'esprit, j'appellerai les personnes homos à ne plus voter pour elle.» Après beaucoup de progrès au Brésil en matière de droits pour les personnes homosexuelles, dont le meilleur exemple reste la légalisation des unions civiles le 5 mai dernier, les associations espèrent que cette censure restera le seul recul de Dilma Rousseff sur ce sujet. |
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