27/06/2011 Le Conseil des droits de l'homme des Nations-unies a voté aujourd'hui une résolution contre les discriminations et les violences en raison de l'orientation ou l'appartenance sexuelle. Jerry Matthews Matjila, ambassadeur de l'Afrique du sud, avec la diplomate américaine Betty King. C'est une première au sein des instances onusiennes: le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a adopté ce matin, à l'issue d'un vote serré et d'un vif débat, une résolution «historique» visant à promouvoir l'égalité des individus sans distinction de leur orientation sexuelle. La résolution, saluée par des applaudissements, a obtenu 23 votes en faveur, 19 contre et trois abstentions à l'issue d'un débat houleux au cours duquel le groupe de pays africains, présidé par le Nigeria, a notamment accusé l'Afrique du Sud de s'aligner avec les pays occidentaux. Amorcer le dialogue En présentant le texte, le représentant de l'Afrique du Sud, Jerry Matthews Matjila, a déclaré que «personne ne doit être soumis à la discrimination ou la violence en raison de son orientation sexuelle». Cette résolution, a-t-il ajouté, «ne cherche pas à imposer certaines valeurs à des pays, mais à amorcer le dialogue» sur ce thème. Mais les pays de l'OIC (Organisation de la conférence islamique), Pakistan en tête, se sont déclarés «sérieusement préoccupés par cette tentative d'introduire à l'Onu des notions qui n'ont aucune fondation légale dans la législation internationale des droits de l'homme». «Nous sommes encore plus troublés par cette tentative de se focaliser sur certains individus sur la base de leurs attitudes ou de leurs intérêts sexuels» a poursuivi le représentant du Pakistan. Attaques et salutations Le délégué du Nigeria, Ositadinma Anaedu, a attaqué l'Afrique du Sud, l'accusant d'avoir «rompu avec la tradition du groupe africain» de trouver un consensus avant de voter sur une résolution. «Cela me fait de la peine parce que l'Afrique du Sud est le pilier de l'Afrique» a-t-il dit, affirmant être convaincu que «plus de 90% des sud-africains ne sont pas en faveur de la résolution». «Il est intéressant que les pays occidentaux soient vos partenaires aujourd'hui» a-t-il ironisé. Mais d'autres pays, dont les Etats-Unis, la France, le Mexique, le Brésil ou l'Argentine ont salué le vote, de même que les ONG de défense des droits de l'homme. «C'est une percée» a estimé l'ambassadeur français Jean-Baptiste Mattei, déclarant à l'AFP: «C'est la première fois au sein de l'ONU qu'on passe un texte aussi fort sous forme de résolution et de cette portée.» Dans l'histoire «C'est un débat très passionnel», a-t-il reconnu, évoquant «la forte réticence du groupe africain et de l'OCI pour traiter de ce thème». Mais, a-t-il ajouté, «il ne s'agit pas d'imposer des valeurs ou un modèle mais d'éviter que des personnes soient victimes de discrimination ou de violences au seul motif de leur orientation sexuelle». Pour sa part, la représentante des Etats-Unis Eileen Donahoe a estimé que la résolution «entre dans l'histoire de la lutte pour l'égalité et la justice». «C'est un pas important vers la reconnaissance du fait que les droits de l'homme sont de fait universels», a-t-elle souligné. «Libres et égaux», quelque soit leur sexualité La résolution relève notamment «que tous les êtres humains sont nés libres et égaux en ce qui concerne leur dignité et leurs droits et que chacun doit pouvoir bénéficier de l'ensemble des droits et des libertés (…) sans aucune distinction». Elle demande également une étude sur les lois discriminatoires et les violences contre les personnes en raison de leur orientation et leur appartenance sexuelle. Peu avant le vote, le représentant de l'ONG Amnesty International auprès des Nations unies avait qualifié l'adoption de cette résolution d'«historique». «Elle sera la première résolution de l'ONU répondant aux problèmes de violation des droits de l'homme en raison de l'orientation et l'appartenance sexuelle», a notamment indiqué Peter Splinter. Ce texte sera «très important pour les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres dans leur lutte pour une pleine reconnaissance de leurs droits», a-t-il dit à l'AFP. L'homosexualité demeure interdite dans 76 pays. 16h45: Réaction et détail des votes Le Centre LGBT de Paris-Ile-de-France se félicite que «pour la première fois de son histoire et après des débats houleux», le Conseil des droits de l'homme ait adopté la résolution parrainée par l'Afrique du Sud. «Prendre cette résolution était urgent étant donné la violence de l’homophobie d'Etat pratiquée dans de nombreux pays», estime Christine Le Doaré, présidente du Centre. L'association publie également la liste complète des votes pour cette résolution – trois pays se sont abstenus, 23 ont voté en sa faveur et 19 ont voté contre. Vote favorable: Argentine, Belgique, Brésil, Chili, Corée du sud, Cuba, Equateur, France, Guatemala, Hongrie, Japon, Mexique, Maurice, Norvège, Pologne, Slovaquie, Espagne, Suisse, Ukraine, Thaïlande, Royaume-Uni, USA, Uruguay. Vote contre: Angola, Bahreïn, Bangladesh, Cameroun, Djibouti, Gabon, Ghana, Jordanie, Malaisie, Maldives, Mauritanie, Nigéria, Pakistan, Qatar, Moldavie, Russie, Arabie saoudite, Sénégal, Ouganda. Absentions: Burkina Faso, Chine, Zambie. Absents: Kyrgyszstan, Libye (suspendue). 17h15: Réaction de Hillary Clinton La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a salué l'adoption de cette résolution: «Cela représente une occasion historique de mettre en lumière les violations des droits de l'homme que les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenre subissent à travers le monde, et qui sont fondées uniquement sur qui ils sont et qui ils aiment», écrit Mme Clinton dans un communiqué. Elle ajoute: «La résolution historique d'aujourd'hui affirme que les droits de l'homme sont universels. Les individus ne peuvent être laissés sans protection en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelle.» |
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