14/09/2011 A quelques jours de sa probable réélection à la tête de Berlin pour un troisième mandat, portrait du maire ouvertement homo d'une ville redevenue branchée. Klaus Wowereit (à droite) avec son compagnon depuis 18 ans, Jörn Kubicki, neurochirurgien. Lourdement endettée, dépourvue d'activité industrielle significative, Berlin cherchait un responsable capable de transformer ses défauts en atouts. Elle l'a trouvé en Klaus Wowereit, un homme qui respire confiance en soi et bonhomie, comme ce jour de juin 2001, où il a rendu publique son homosexualité lors d'un discours en déclarant: «Ich bin schwul, und das ist auch gut so» («Je suis gay et c'est bien ainsi»). La phrase est devenue célèbre. Elle lui a notamment permis quelques mois plus tard d'être élu maire de la ville, deux ans après le déménagement du gouvernement de Bonn (ouest) à Berlin, et elle fait de lui l'homme providentiel de la ville réunifiée. Côte d'amour intacte Grâce à lui, Berlin, capitale fauchée, et devenue une ville à la mode, au moyen d'un autre slogan génial: l'expression «pauvre mais sexy» qu'il emploie pour qualifier sa ville dans un entretien à l'hebdomadaire Focus fin 2003. Brillant coup de marketing, elle est devenue une sorte de devise officieuse de la capitale allemande. Son sens de la formule, son charme et sa décontraction lui ont permis de se faire un nom bien au-delà des limites de la métropole de 3,5 millions d'habitants, où sa cote d'amour n'a jamais faibli. «Wowereit et cette ville, c'est une bonne combinaison», a-t-il expliqué le mois dernier à des reporters étrangers qui lui demandaient le secret d'une telle popularité. Sous sa houlette, Berlin s'est fait une place parmi les villes les plus branchées du monde, ses loyers très bas et sa vie nocturne foisonnante attirant en masse artistes et touristes. Progrès économiques Classé dans l'aile gauche du parti social-démocrate SPD, Wowereit, 57 ans, a un temps fait figure de candidat potentiel au poste de chancelier, et donc de rival éventuel, dans la perspective des législatives de 2013, à la chancelière conservatrice (CDU) Angela Merkel. Cette dernière s'est impliquée dans la campagne régionale de Berlin, venant soutenir le candidat de son parti. «Berlin n'est pas dirigée comme elle le mériterait», a-t-elle déclaré lors d'un meeting, épinglant le taux de chômage de 13% dans la capitale – presque deux fois plus qu'au niveau national, les finances désastreuses de la ville et le grand nombre de bénéficiaires des minima sociaux. Né en 1953 à Berlin-Ouest, élevé avec quatre frères et soeurs par sa mère, Wowereit avait entamé des études de droit avant de se consacrer à la politique. Avec son compagnon depuis 18 ans, le neurologue Jörn Kubicki, il était un visage bien connu des folles soirées berlinoises. Ses détracteurs n'hésitaient d'ailleurs pas à le dépeindre comme un dilettante, plus enclin à trinquer au champagne qu'à gouverner. Mais l'édile a fait de gros effort ces dernières années pour corriger cette image. Le quotidien berlinois Tagesspiegel (centre-gauche) a reconnu les progrès économiques effectués en 10 ans pour rendre la ville attractive aux touristes et aux «créatifs» en tout genre. Subventions massives Mais Berlin fonctionne aussi grâce aux «subventions massives» de l'Etat fédéral, un modèle de développement intenable dans une ville déjà plombée par un endettement record de 62 milliards d'euros. «Berlin vit entièrement aux dépens des autres Etats régionaux allemands et des générations futures», dénonce le Tagesspiegel, pour qui le salut de la capitale viendra d'une plus forte industrialisation. Der Spiegel a estimé, quant à lui, que Wowereit bénéficiait surtout d'une «aspiration à la stabilité» des Berlinois, dans une ville «où tant de choses changent d'une semaine à l'autre». A Berlin, «tout tourbillonne, et une seule chose ne bouge pas: Klaus», a résumé l'hedomadaire. |
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