20/09/2011 Dénonçant l'hypocrisie des parlementaires italiens, un activiste menace de révéler l'homosexualité de dizaines de députés qui ont voté contre la loi anti-homophobie en juillet dernier. Une méthode qui fait polémique. Le blog est apparu en ligne la semaine dernière. Un simple rendez-vous, sur fond arc-en-ciel: 23 septembre, 10h. L'auteur promet de procéder ce jour-là à l'outing d'une dizaine de personnalités importantes, c'est-à-dire, comme il l'explique lui-même, «déclarer publiquement la pratique homosexuelle, ou d'autres sexualités différentes, de personnes connues et influentes.» Une centaine de noms Derrière cette menace, on trouve Aurelio Mancuso (photo). Ce militant gay est président de l'association Equality Italia après avoir dirigé le principal groupe LGBT italien Arcigay. Il fut aussi longtemps engagé politiquement derrière les Démocrates de gauche. C'est d'ailleurs par le combat politique que Mancuso justifie son intention d'outer d'abord des parlementaires, quelques semaines après le rejet - pour la deuxième fois - d'une loi anti-homophobie par les députés (lire notre article). «Nous avons décidé cela pour faire comprendre clairement que les règles de l'hypocrisie et de la discrimination sont en vigueur dans le Parlement italien. Il y a beaucoup d'autres hommes politiques dont nous connaissons les vraies orientations sexuelles, présents dans tous les partis, mais pour le moment nous nous limitons à publier une liste de ceux appartenant aux partis qui ont voté contre la loi sur l'homophobie.» Mais le militant prévient: plusieurs listes pourront suivre, composées d'autres hommes politiques, mais aussi d'ecclésiastiques haut-placés, ou de stars du spectacle et de la télévision. En tout, une centaine de noms prêts à être dégainés en cas d'attaques homophobes de leur part. «Agressif et violent» Personne ne sait si Aurelio Mancuso mettra sa menace à exécution, mais son initiative provoque d'ores et déjà de nombreux débats chez les militants italiens. L'actuel président d'Arcigay, Paolo Patanè, s'est rapidement dissocié de l'opération et a fermement condamné le principe de l'outing, rappelant que tout le monde avait droit à une vie privée et que cette pratique allait à l'encontre de la dignité de la personne. D'autres associations, citées par le quotidien italien La Repubblica, ont des réactions similaires: «Nous n'approuvons pas l'outing, ni d'un point de vue humain, ni d'un point de vue politique», explique par exemple la présidente de Digayproject. «Et comment déterminer qui est homophobe? Celui qui vote contre la loi sur l'homophobie est homophobe? Je ne suis pas d'accord. L'outing est un geste agressif et violent, qui empiète dans la vie des gens, et déplace l'attention de ce qui est au départ une question politique.» Certains appuis politiques du militantisme LGBT ont aussi affiché leur désapprobation. «La publication de ces noms est incorrecte, vulgaire et violente», réagit ainsi le président du parti Démocrate Ivan Scalfarotto, qui a démissionné du comité honorifique d'Equality Italia en guise de protestation. «Remède extrême» De son côté, la parlementaire ouvertement lesbienne Paola Concia s'est montrée moins véhémente, décrivant l'outing comme «un remède extrême, qui naît d'un état de fait, celui des homosexuels italiens, des citoyens sans droits». La députée du Parti démocrate rappelle en outre que cette pratique est assez habituelle aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Et certains militants LGBT se reconnaissent dans cette position plus modérée, considérant que dire la vérité n'est pas forcément faire preuve de violence. En fin de compte, l'initiative d'Aurelio Mancuso fait peut-être trembler certains députés bons pères de famille, mais elle provoque aussi des crispations parmi les militants. Qui en sortira le plus affaibli? La réponse est attendue vendredi. |
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