05/11/2011 DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. La perspective des JO de 2012 nous prépare de grands moments. C'est désormais la fédération de boxe qui exige le port de la jupe sur le ring. On est moderne ou on ne l'est pas. La journée de la jupe, passe encore, mais là, vraiment... À en croire les têtes (bien) pensantes du sport, 2012 devrait carrément être l'année de la jupe. Obligatoire. «Mandatory», comme ils disent. Après le badminton, souvenez-vous (lire notre article), c'est maintenant au tour de la boxe. Féminine, qui, rappelons-le ici, sera olympique dès l'année prochaine à Londres. Eh bien à cette occasion, l'association dirigeante de la discipline, l'AIBA (Amateur International Boxing Association), exige que les compétitrices portent des jupettes. Exclusivement. Allons bon, voilà qu'on nous la refait à l'envers. Et cette fois, côté «arguments», c'est le pompon. Comme l'a expliqué le président de l'AIBA, le Docteur Ching-Kuo Wu: «J'ai très souvent entendu des gens dire: "on ne fait pas la différence entre les hommes et les femmes", puisqu'ils arborent les mêmes tenues et portent un casque.» Que ces messieurs-de-là-haut n'aient pas ouvert un tome de l'œuvre de Judith Butler on s'en serait douté mais qu'ils n'aient même pas lu le Petit Spirou histoire d'être au courant des différences entre filles et garçons, alors là... Flippant, dites-vous? Exactement. Car, résumons donc: les femmes qui boxent en compétition devront combattre en jupettes pour que l'on sache que ce sont des femmes. Jupettes dessinées par l'AIBA, qui plus est. «Les seuls qui veulent voir les femmes en jupe sont les hommes.» Un galop d'essai a pour ainsi dire été organisé lors des Championnats d'Europe qui se sont déroulés à Rotterdam du 16 au 23 octobre derniers. Verdict: seules la Pologne et la Roumanie se sont essayées à la nouvelle règle. «Porter des jupes, à mon avis, a expliqué à BBC Sport le coach polonais Leszek Piotrowski, donne une bonne impression, une impression féminine. Porter un short n'est pas une bonne manière de s'habiller pour des boxeuses.» Lesquelles boxeuses, après tout, devraient tout de même avoir droit au chapitre dans une telle prise de décision, non? Mais le hic, visiblement, c'est qu'elles ne seraient pas forcément chaudes bouillantes pour ce choix. Ainsi, l'Irlandaise Katie Taylor, triple championne du monde et tout juste sacrée pour la cinquième fois consécutive championne d'Europe des poids légers à 24 ans seulement. Et grand espoir de médaille d'or aux JO de Londres. «C'est honteux que l'on force certaines femmes à porter ces mini-jupes, a-t-elle déclaré. Nous devrions pouvoir porter des shorts, comme les hommes. Je ne mettrai pas de mini-jupe. Je n'en mets même pas quand je vais en soirée, alors je ne le ferai certainement pas sur le ring.» Avis partagé par moult de ses collègues, à l'instar de l'Anglaise Natasha Jonas qui a ajouté: «Personnellement, je pense que c'est plus esthétique qu'autre chose. On ne gagnera rien en aspect pratique dans le port de la jupe. Les seules personnes qui veulent voir les femmes en jupe sont les hommes.» Savoy Howe, une pionnière lesbienne «Sans transition» aurait dit Béatrice Schönberg à ses plus belles heures. Pendant ce temps-là, les Dodgers -l'équipe de baseball de Los Angeles- ont nommé une femme au poste d'entraîneur athlétique principal, Sue Falsone. Une révolution, puisqu'elle devient la première femme à occuper une telle fonction dans le sport professionnel américain. Masculin, s'entend. No comment? Non, no comment. Et sans transition, avait-on prévenu. Juste l'envie de se repasser ce petit sujet sur Savoy Howe, qui fut la première boxeuse de premier plan à sortir du placard, en 1993. En 2006, la Canadienne a ouvert sa propre salle qui, aujourd'hui encore, est le seul club de gym exclusivement féminin du pays. Qu'elle a désormais décidé d'ouvrir aux trans. Parce qu'outre le fait qu'elles ne portent pas toutes des jupes, surtout quand elles font du sport, les femmes peuvent parfois avoir des idées. |
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