22/11/2011 Le Partido Popular (droite) a largement remporté les élections législatives espagnoles ce dimanche. Son leader, Mariano Rajoy, va bénéficier d'une majorité absolue qui lui permettra, s'il le décide, de revenir sur la loi autorisant le mariage gay. Madrid dimanche soir, peu avant vingt-trois heures. Mariano Rajoy vient de remporter les élections législatives espagnoles. Au premier étage du siège du Partido Popular (droite conservatrice), le futur chef du gouvernement s'avance pour saluer la foule des militants. Dans une séquence très bourgeoisie de province, il embrasse du bout des lèvres son épouse sur la bouche, lève les bras au ciel puis s'apprête à prendre la parole. A ce moment précis, une banderole se déploie quelques mètres sous ses yeux. Brandie par des militants en liesse, elle indique «Ni à seize ans, ni à dix huit ans, avortement: abolition!» Le message est clair: l'Espagne conservatrice, forte désormais d'une majorité absolue, fait son retour en force et ne parle pas que d'austérité budgétaire. «Les lois qui détruisent la famille» Ce slogan n'est qu'une introduction aux pressions que l'aile conservatrice du Partido Popular s'apprête à exercer. La majorité absolue donne désormais à la droite espagnole les coudées franches pour revenir sur les lois progressistes votées sous Zapatero. En ligne de mire: le mariage des homosexuels et le droit à l'avortement. Le Foro de la familia (Forum de la famille), puissante organisation très catholique et proche du parti, a déjà donné le ton. «Aussi graves que les problèmes économiques et structurels qu'affronte l'Espagne, il y a aussi tous les éléments déstabilisant notre société, nés des dernières lois et politiques qui détruisent nos familles.» La menace sur le mariage gay est claire et se précisera certainement dans les prochains mois. Rajoy, considéré politiquement comme au centre de son parti, a refusé de se positionner sur le sujet pendant sa campagne électorale. Il se dit réticent à l'emploi du mot «mariage» et ne s'engage pas à maintenir la loi, mais sans clamer non plus son intention de l'abroger. Si ses électeurs conservateurs se font entendre, d'autres personnalités du Partido Popular, notamment Alberto Ruiz Gallardon, maire de Madrid et probable futur ministre, se sont prononcés en faveur du maintien de la loi. Certains élus gays du parti, qui se sont mariés grâce à cette mesure, vont dans le même sens. Pris entre deux courants au sein de sa propre formation politique, Mariano Rajoy devra donc trancher. Trois millions d'Espagnols LGBT Pour peser dans le débat et faire pencher la balance du bon côté, les collectifs gays et lesbiens misent sur une mobilisation sans faille et sur la popularité du mariage gay dans la société espagnole. «Rajoy dit qu'il écoutera la société, note Augustin Lopez, président de l'association Cogam. Mais quelle société? Celles des groupes conservateurs ou celle des collectifs défenseurs des droits lgbt? Selon les enquêtes, 70% de la population espagnole est favorable au mariage gay. S'il veut écouter la société, voilà sa réponse!» Ce lundi matin, la puissante fédération des collectifs lgbt (FELGBT) a de son côté averti Rajoy que «la majorité absolue n'est pas un chèque en blanc pour supprimer des droits comme celui qui autorise le mariage entre personnes du même sexe (...) Rajoy dit vouloir gouverner pour tous les Espagnols. Nous lui rappelons que trois millions d'entre eux sont lesbiens, gays, transexuels ou bisexuels.» À l'appel des collectifs, une manifestation en défense du mariage gay aura lieu le 6 décembre prochain, jour de la constitution en Espagne. Sans doute la première d'une longue série. |
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