30/11/2011 «Hide/Seek» avait choqué à Washington en exposant une vidéo du Christ recouvert de fourmis pour évoquer les ravages du sida. L'exposition arrive maintenant au Musée de Brooklyn. Visite guidée. Pendant des années, Jonathan Katz a essayé de faire programmer une exposition sur l'art queer dans un grand musée américain. En vain. L'homosexualité était, dit-il, «blacklistée» depuis 1989, année de la controverse autour des photos homo-érotiques de Robert Mapplethorpe à la Corcoran Gallery de Washington. Homosexualité et art américain Mais le 18 novembre dernier, Katz, directeur du programme doctoral de Visual Studies à l'université de Buffalo, était sur un petit nuage. Il fêtait l'ouverture officielle de «Hide / Seek» au prestigieux Brooklyn Museum. Pour la première fois aux US, une exposition allait explorer l'impact de l'homosexualité sur l'art américain du 19ème siècle à nos jours. Katz en est le commissaire. «Je suis sûr que les New-Yorkais parviendront à se faire leur propre avis. L'essence des Etats-Unis, c'est justement de ne pas éluder les questions qui fâchent. C'est ce que nous faisons.» L'exposition avait déjà été montée l'an dernier au National Portrait Museum de Washington DC. Elle y avait déclenché une belle polémique en présentant une vidéo contenant l'image d'un crucifix recouvert de fourmis. Signée David Wojnarowicz, la vidéo avait pour but d'illustrer la souffrance des malades du sida. Le musée, établissement public géré par le Smithsonian Institution, avait décidé de retirer la vidéo sous la pression de la Catholic League, un groupe qui se présente comme la première association de défense des droits des catholiques. Le Musée de Brooklyn, un organisme public connu pour sa programmation alternative, a décidé lui de maintenir l'œuvre controversée malgré les protestations de l'association. «Nous n'organiserons pas de manifestation cette fois-ci, indique le président Bill Donohue de la League. Nous avons déjà décroché le gros lot quand les responsables du Smithsonian se sont soumis volontairement à la pression du public et ont retiré l'ignoble vidéo.» Travaux chocs Qu'on l'aime ou pas, l'exposition reste unique en son genre. «Hide / Seek» mêle photos, peintures et installations par des artistes homosexuels et hétérosexuels. Les références à l'homosexualité sont plus au moins subtiles. On trouve pêle-mêle le «Salutat» de Thomas Eakins, une peinture de 1898 qui représente la figure élancée et sensuelle d'un jeune boxeur saluant la foule. Ou encore les clichés du maître Robert Mappletorpe et une photographie du premier mariage gay réalisé aux Etats-Unis, en 1968. Plus intriguante, une peinture de George Wesley Bellows datant de la fin du 19ème siècle montrant plusieurs dizaines d'hommes retirant leurs habits à la plage. En regardant de plus près, on remarque un homme en veste, habillé, avec un chapeau. « Il les observe. Il prend du plaisir, souligne Katz, Je voulais montrer l'impossibilité de séparer l'homosexualité de l'histoire de l'Amérique et la manière dont l'art américain croise l'homosexualité », résume-t-il. L'exposition se referme avec une pièce consacrée au sida où l'on trouve plusieurs travaux chocs. Outre la sulfureuse vidéo de David Wojnarowicz, le regard du visiteur se porte sur la photo géante d'un cadavre reposant dans un lit. Cette photo, extrêmement forte et dérangeante est celle d'un certain Felix, décédé du sida en 1994. Elle a été prise par son partenaire quelques heures après sa mort. «Jusqu'à présent, on a évité de parler d'homosexualité dans les musées, dit Jonathan Katz. Nous n'avons eu que des mensonges.» |
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