17/01/2012 REPORTAGE. Comme chaque année, la communauté LGBT de Rome s’est retrouvée devant la Place Saint-Pierre pour commémorer le suicide d’Alfredo Ormando. Ecrivain sicilien, homo et croyant, il s’est immolé par le feu en 1998 pour protester contre l’homophobie de l’Eglise. «Ma vie a été un enfer. A côté, celui des Chrétiens ressemble à une histoire pour endormir les enfants. (...) Je n'arrive plus à me faire une raison de ma marginalité, de ma solitude infinie.» Quelques semaines après avoir écrit ces mots, Alfredo Ormando, écrivain et fervent catholique originaire de la province sicilienne de Caltanissetta, mourait à l'hôpital des suites de ses brûlures. C'est le 13 janvier 1998, que l'homme alors âgé de 40 ans s'immole par le feu devant le Vatican. Quatorze ans après, et comme chaque année depuis 1999, ils étaient une cinquantaine, hommes et femmes du milieu associatif LGBT ou simples citoyens, à se réunir vendredi dernier à l'initiative d'Arcigay Roma pour se rappeler ce geste d'une violence inouïe. Contre la diabolisation de l'homosexualité Giancarlo, originaire de la même province du centre de la Sicile, se souvient: «On en a beaucoup parlé dans mon village, quand c'est arrivé, mais personne ne le connaissait. Moi non plus d'ailleurs, mais son histoire m'a énormément marqué. Au journal télévisé, sa mère, la petite vieille sicilienne typique, a expliqué qu'elle était au courant de l'homosexualité de son fils, elle disait l'avoir acceptée. Elle ne comprenait pas son geste.» Dans une lettre retrouvée sur lui, Alfredo Ormando s'explique: «Ils penseront que j'étais fou parce que j'ai choisi la Place Saint-Pierre pour m'incendier, alors que je pouvais le faire tout aussi bien à Palerme. J'espère qu'ils comprendront le message que j'ai voulu donner ; c'est une forme de protestation contre l'Eglise qui diabolise l'homosexualité, diabolisant par là-même la nature, parce que l'homosexualité est sa fille.» Cette diabolisation, Alfredo Ormando l'a vécue dans sa chair, lui qui est entré dans un séminaire franciscain avant de passer deux ans dans un monastère, qu'il quitte pour se consacrer à son écriture. «Pourquoi c'est si dur d'être homo en Italie?» Pour les organisateurs du rassemblement, après 14 ans, le poids du Vatican sur la société italienne est toujours aussi lourd: «Pourquoi c'est si dur d'être homo en Italie? Cette place à elle seule suffit à le raconter», explique Marianna, 24 ans, en désignant du regard la place et ses colonnes. «Ici, en Italie, nous les homos, nous ne valons rien, et quand nous nous promenons dans la rue, comme le racontait Alfredo, nous sommes mal perçus», résume la jeune femme. Pour Andrea Rubera, qui préside l'association Nuova proposta, destinée aux homos et aux trans chrétiens, le problème vient de la classe politique: «Les hommes politiques savent pertinemment qu'il faut faire quelque chose pour les homosexuels. Mais ils se laissent influencer par l'homophobie de la hiérarchie catholique. Et de regretter: «On se souvient du geste d'Alfredo parce qu'il a eu lieu Place Saint-Pierre. Mais, au fin fond de la Basilicate, dans le sud de l'Italie par exemple, là aussi des homosexuels se suicident.» |
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