05/03/2012 La «carte rose» des lieux gay est distribuée dès l'arrivée à l'aéroport: Le Cap joue très officiellement la carte du tourisme homosexuel, seul sur un continent où le sujet reste tabou. «Le marché gay est vraiment un marché de niche que nous visons», explique Skye Grove, porte-parole de Cape Town Tourism, pour qui la métropole sud-africaine doit tenir son rang parmi les destinations privilégiées des homosexuels, face à San Francisco, Miami, Sydney, Berlin ou Amsterdam. «Le revenu disponible des homos est généralement plus élevé que celui des hétéros», et ils ont été bien moins affectés par la crise mondiale qui a privé Le Cap du quart de ses touristes ces dernières années, ajoute-t-elle. Depuis la fin de l'apartheid qui réprimait l'homosexualité, la culture gay s'affiche de plus en plus en Afrique du Sud. Le pays accorde aujourd'hui l'égalité des droits aux homosexuels et se distingue ainsi sur un continent africain où beaucoup doivent se cacher. Liberté et tolérance Sur les 1,5 million de visiteurs qu'accueille Le Cap tous les ans, 15% sont homosexuels, selon Mme Grove. Surtout des garçons, blancs. Qu'est-ce qui les attire tant? «le style de vie!», juge-t-elle. Et de citer la beauté de la ville et de ses environs, la tolérance des habitants, la «vie urbaine vibrante», les plages, les vignobles, les bons restaurants... Le tout dans un pays qui autorise le mariage homosexuel, sans oublier l'inversion des saisons qui fait que c'est le plein été quand l'Europe ou l'Amérique du Nord grelottent. Que veulent les clients? «sea, sex and sun» L'importance de la communauté gay autochtone et le nombre de touristes favorisent les rencontres pour ceux qui en cherchent. On trouve ainsi un certain nombre de ces estivants chouchoutés au bord de la piscine du Glen, établissement numéro un sur la Pink Map, la «carte rose» indiquant les lieux gay aux touristes. L'hôtel vient de doubler de volume, avec une deuxième piscine, un deuxième jacuzzi, un deuxième bar... Et que veulent les clients? «sea, sex and sun», note son directeur Chris Hattingh, comme dans la chanson de Serge Gainsbourg. Préservatifs à la place de la Bible Il y a ceux qui exposent leur corps parfait au bord de la piscine et ceux qui veulent absolument visiter tous les musées du coin. Sans oublier ceux qui prolongeront leur séjour en explorant les environs, pourquoi pas avec un safari. «On voulait du soleil! On a pensé aux Caraïbes, mais on connaît déjà», explique Pierre Huygh, jeune Belge rencontré au bord de l'eau. «Et puis mon frère nous a dit que c'était très gay, le Cap! On a loué une voiture et on est ici pour découvrir.» Le Cap propose toute une gamme d'hébergements à ses touristes homosexuels -plus ou moins exclusivement gay, plus ou moins naturistes, favorisant plus ou moins les rencontres- mais aussi des guides spécialisés, des fêtes, des boîtes de nuit, des bars, des restaurants... Dans le tiroir des tables de nuit, des préservatifs remplacent même le Nouveau Testament, que l'on trouve habituellement dans les hôtels sud-africains. Destination tendance «Je me sens bien ici. C'est un très beau pays. Je suis fleuriste, et les plantes me plaisent ici. Et aussi les garçons!», raconte Stefan Gutwenger, Italien germanophone qui bouquine nu au bord d'une piscine. Il en est à son cinquième voyage. Son succès a fait du Cap une destination plus chère. «Il y a dix ans, le Cap était à peu près inconnu comme destination gay, et très bon marché. Mais tout cela a changé, Le Cap a perdu son avantage compétitif. Les vols ne sont pas donnés et les hébergements sont devenus de plus en plus chers», constate Chris Hattingh. Pink dollar «Le Cap n'est sans doute plus aussi compétitif, car d'autres villes ont découvert la valeur du «pink dollar», complète Riaan Kirsten, responsable du marketing d'une agence de voyages spécialisée. «Mais Le Cap reste une destination gay très recherchée, et il y a tous les ans davantage de touristes!» Reste que si les touristes apprécient l'atmosphère détendue du Cap, où les couples de même sexe peuvent se tenir par la main ou s'embrasser dans la rue, la plupart ignorent qu'à quelques kilomètres de là, de nombreux habitants des townships ou des quartiers afrikaners conservateurs ne sont pas aussi tolérants. Ainsi, les lesbiennes des townships sont régulièrement victimes de viols de la part d'hommes qui veulent leur apprendre à rentrer dans la norme. |
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