10/04/2012 DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. Le championnat universitaire américain de basket a révélé une joueuse exceptionnelle. Mais Brittney Griner, c'est son nom, dérange. Par sa taille, sa voix, son apparence. Et la haine se déverse sur les réseaux sociaux. Si vous n'êtes pas des mordues de basket, peut-être serez-vous totalement passées au travers de la «March Madness» - le sommet de la saison de NCAA, le championnat universitaire -, de la victoire écrasante de Baylor et de la célébrité montante de la star de l'équipe, Brittney Griner, devenue la deuxième femme seulement à dunker dans l'histoire de ce tournoi. Et pourtant, la demoiselle de 21 ans vaut que l'on s'attarde sur son cas. Car si son talent exceptionnel fait l'unanimité, son apparence en dérange visiblement certains, coupables de commentaires nauséabonds dès lors que la différence s'invite sur le terrain. À commencer par la coach de Notre-Dame, l'équipe battue - ou plutôt écrasée - en finale à Denver. «Nous ne pouvions riens faire, a ainsi commenté Muffet McGraw. C'est une super joueuse, elle était impossible à arrêter. Je veux dire, pour des joueuses de la taille de celles que nous avions dans notre équipe. Elle est tellement grande qu'elle est difficile à arrêter. Elle est à part. On dirait un homme qui joue avec des femmes. Il y a tellement de choses qu'elle sait faire que je n'ai pas vu tant de femmes que ça (faire)». Encore une sportive «moitié homme»? «Hmmm... où ai-je déjà entendu ça?, s'est interrogé en retour WomenTalkSports. Ah oui, à l'Open d'Australie en 1999», lorsque Martina Hingis avait dit d'Amélie Mauresmo qu'elle était «moitié homme». Mais la coach n'est pas la seule. Il suffit d'aller faire un tour sur Twitter et d'y lancer une recherche sur le nom de la joueuse pour tomber de son siège et sentir l'envie de vomir poindre. La blagounette la «moins pire» en vogue sur le compte de micro-blogging consistant en ce hashtag d'un goût certain #KimKardashiansNextBoyfriend, en référence à la vedette de la télé-réalité trash qui change de petit ami comme de sac à main. En cause, donc, «sa taille, sa voix, ses capacités, poursuit WomenTalkSports. La manière dont sa sexualité et son genre son perçus». Heureusement, ces manifestations de haine ont ému outre-Atlantique, jusque dans les colonnes sportives les plus réputées. Ainsi dans le Washington Post peut-on lire sous la plume acide de la chroniqueuse Tracee Hamilton: «Griner n'a pas demandé à mesurer 2m07. Elle n'a pas demandé à avoir une voix grave et à chausser du 53. Tout cela constituant, bien sûr, d'excellentes raisons pour de parfaits étrangers de spéculer sur le genre d'une étudiante de 21 ans». «Les gens sont méchants» «Honte à ceux qui ont regardé Griner jouer, poursuit la journaliste, et dont le mode de pensée sophistiqué les a amenés à se poser cette question. Honte à ceux qui ont entendu sa voix et ont spéculé sur le fait qu'elle pouvait être un homme, ou avait été un homme ou pourrait devenir un homme. Honte à ceux qui l'ont insultée et raillée.» «Si vous avez la preuve que Griner n'est pas une femme, alors produisez-là, Columbo!, s'est également énervé Cedric Golden dans le Statesman. En ce moment, il y a chez nous une campagne contre le harcèlement d'enfants par d'autres enfants mais nous faisons volte-face pour regarder avec absurdité des adultes faire la même chose à une jeune.» «La coach et les gens dans mon équipe m'ont dit de ne pas aller voir sur internet, indique de son côté Brittney Griner. Parfois, je fais une recherche sur mon nom pour voir ce que les gens disent. Mon entourage me dit de ne pas le faire parce que les gens sont plutôt méchants. Mais ça ne me dérange pas.» Méchants? On serait tenté de trouver que le mot est bien en deçà de la réalité. |
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