13/04/2012 Une étude publiée dans une revue scientifique américaine le démontre: homosexualité refoulée et éducation parentale autoritaire seraient à l'origine de l'homophobie, des préjugés discriminatoires et des politiques antigay… Une partie de l'homophobie est-elle en fait de l'autophobie? («Is some homophobia self-phobia?») C'est la question posée par des chercheurs anglo-saxons dans une étude publiée ce mois-ci dans le Journal of Personality and Social Psychology, revue scientifique spécialisée dans l'étude de la personnalité. Selon leurs conclusions, et en évitant toute généralisation abusive, la haine et la peur des homosexuels seraient plus prononcées chez les homos refoulés élevés dans des familles autoritaires. Sexualité(s) et éducation parentale À l'initiative des Universités de Rochester, d'Essex et de Californie, quatre expériences ont été menées aux Etats-Unis et en Allemagne sur des groupes de 160 étudiants du cycle supérieur. Les deux premières consistaient à déterminer l'orientation sexuelle explicite et implicite (ou inconsciente) des participants, c'est-à-dire à mesurer les écarts entre la sexualité assumée et celle que les individus pouvaient refouler. Les participants répondaient ensuite à des questionnaires dont le but était de déterminer leur degré de haine envers les homosexuels, et l'éducation parentale reçue. Ils devaient par exemple se prononcer sur des affirmations comme «Je me sentais contrôlé et subissais des pressions à certains égards», «Je me sentais libre de qui je suis» ou «Mon père évitait les hommes gays chaque fois que possible». En croisant les résultats de ces quatre expériences, les chercheurs tirent des conclusions assez nettes sur les racines de l'homophobie. Homophobes «en guerre avec eux-mêmes» En croisant les résultats de ces quatre expériences, les chercheurs tirent des conclusions assez nettes sur les racines de l'homophobie. «Les personnes qui s'identifient comme hétérosexuelles mais qui lors des tests psychologiques montrent une forte attirance pour le même sexe peuvent se sentir menacées par les homosexuels parce qu'ils leur rappellent des tendances similaires en eux-mêmes» explique Netta Weinstein, chercheuse à l'Université d'Essex. «Dans de nombreux cas, ce sont des gens en guerre avec eux-mêmes, qui extériorisent ce conflit interne» ajoute Richard Ryan de l'Université anglaise de Rochester. Ces recherches font aussi pour la première fois le lien avec l'éducation et les valeurs transmises par les parents: «les personnes qui se trouvent dans le déni ou le rejet de leur orientation sexuelle, viennent le plus souvent de familles très autoritaires où ils risquent de perdre l'amour et le soutien de leurs parents s'ils se déclarent homosexuels» explique Netta Weinstein. Nécessaire «autoréflexion» Les auteurs de l'étude illustrent leurs résultats avec des exemples de personnalités publiques ouvertement antigay dont l'homophobie prend sa source dans une homosexualité refoulée. Ils citent notamment Ted Haggard, pasteur américain militant contre le mariage gay et impliqué dans un scandale homosexuel en 2006. «Nous pouvons rire ou nous moquer de cette hypocrisie flagrante, mais en réalité, ces personnes sont souvent elles-mêmes victimes de la répression et de ce sentiment exagéré de menace» explique Richard Ryan. Il conclut d'ailleurs sur la nécessité de se questionner en cas d'homophobie exacerbée: «cette étude montre que si vous resssentez ce genre de réaction viscérale envers un groupe différent, demandez-vous pourquoi. Ces émotions intenses devraient être un encouragement à l'autoréflexion». Cliquez sur la vidéo ci-dessous pour voir l'interview de Richard Ryan, professeur de psychologie à l'Université de Rochester (en anglais): |
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