28/04/2003 "Je pense à Jo, c’est ce qui me donne la force de témoigner, c’est pour lui que je suis ici." Accueilli à Marseille par quelques militants homosexuels et par les caméras de télévision de France 3, ainsi s’exprimait Pierre Seel, 80 ans, très diminué physiquement, dès sa sortie de voiture, vendredi 25 avril, sur son compagnon assassiné par les nazis. Invité par l’association Mémoire des sexualités et par le collectif Stonewall Marseille pour la cérémonie du souvenir, Pierre Seel a été reçu officiellement en mairie centrale, avec garde d’honneur, par M. Moscati, adjoint au maire aux anciens combattants. "Au nom de la Ville de Marseille, je veux vous remercier pour ce que vous avez fait pour notre pays, pour cette souffrance, cette déportation. [...] La liberté qui fait notre nation est la liberté de chaque homme à montrer que qu’il veut, et votre courage en témoigne", a déclaré l’élu. Au cours de cette réception, la nouvelle association Les Oublié-es de la mémoire a fait sa première apparition publique. Prenant acte que les autorités refusent le dépôt d’une gerbe spécifique pour la déportation homosexuelle pendant la cérémonie du souvenir, mais que de nombreuses associations de déportés et de sympathisants sont représentés par des drapeaux, Les Oublié-es de la mémoire ont créé un drapeau bleu blanc rouge avec un triangle rose. Ainsi, le surlendemain, dimanche 27 avril, l’association a participé officiellement à la cérémonie, parmi les autres porte-drapeaux. Le drapeau au triangle rose était porté par Philippe Couillet, ancien combattant de la guerre de Bosnie, par ailleurs militant de Flag (policiers gay et lesbiens). En l’honneur de la présence de Pierre Seel, il avait été laissé entendre que la gerbe commémorant la déportation homosexuelle serait déposée pendant la cérémonie officielle. Tel n’a pas été le cas. Mais M. Caraplis, chef du protocole de la Ville de Marseille, a annoncé en fin de cérémonie : "Nous avons mentionné les tsiganes, mais parmi les personnes déportées, il y avait aussi les homosexuels. Ceux qui veulent s’associer à leur souvenir pourront déposer une gerbe devant ce mémorial, après le salut des porte-drapeaux." Ce qui fut fait, en présence de Pierre Seel et d’autres déportés, de nombreux élus, de tous partis politiques, et d’une cinquantaine de gays et de lesbiennes. "Une nouvelle étape a été franchie cette année", s’est félicité M. Caraplis. C’est vrai, mais comme le mentionnait Pierre Seel aux journalistes après la cérémonie : "La reconnaissance officielle de la déportation des homosexuels français passe par une décision politique et une loi." A Montpellier, ce dimanche, le dépôt d'une gerbe en forme de triangle rose, lors de la cérémonie du Souvenir de la Déportation, s'est passée en douceur à la suite de la cérémonie officielle. Au moment où les officiels se congratulaient et prenaient congé, Hussein Bourgi et Roselyne ont déposé la gerbe au nom de la trentaine de gays, de lesbiennes et de sympathisants venus à titre personnel, associatif (Angel, Collectif contre l'homophobie, LGP), ou professionnel comme le Chantier. Quatre faits notoires : une mobilisation moins importante cette année par rapport aux évènements politiques de 2002, la sonorisation a été laissée à disposition comme l'année dernière, mais elle n'a pas utilisée par Hussein Bourgi, délégué régional du Mémorial de la déportation homosexuelle, dont France 3 a diffusé un entretien le soir même. Enfin, à l'issue de la cérémonie, Hussein Bourgi est allé s'entretenir avec André Paillès, président d'une des associations d'anciens déportés et ce dernier lui a confié sa satisfaction quant à la présence du groupe d'homosexuels(elles) mené par le Collectif. Comme quoi, tout n'est pas perdu ! |
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