05/09/2012 Les Femen ukrainiennes seront à Paris dans quelques semaines. Et pas seulement pour dire bonjour aux copines. Bien décidées à étendre au monde entier la quatrième vague féministe, ce groupe qui s'est fait remarquer par ses manifestations dénudées a décidé d'installer son nouveau centre Femen européen dans la capitale française. Celui-ci devrait ouvrir le 18 septembre pour former de nouvelles activistes de toute l'Europe à leurs techniques de manifestations. Déjà, les affiches fleurissent, et les Parisiennes sont invitées à se manifester. Fondé à Kiev en 2008 et dirigé depuis ce temps par Anna Hutsol, le groupe Femen peut faire sourire, mais son activisme des plus radicaux a le mérite de mettre un grand coup de pied dans les institutions misogynes. Alors oui, les poitrines que dénudent les Femen pour arriver à leurs fins ne sont pas du goût de tous. Notamment de ceux qui reprochent aux Ukrainiennes et à leurs collègues internationales de n'être que des écervelées, avides de médiatisation. Pour les avoir rencontrées à Kiev, dans leur QG du centre-ville, les Femen sont tout sauf ça. Leurs discours se tiennent, elles sont déterminées à se battre contre l'oppression politique, mais aussi l'oppression religieuse. Car la religion sous toutes ses formes est leur ennemie jurée, garante d'une absence de liberté pour les femmes. «La seule chose que prône la religion concernant les femmes», avance Alexandra Shevchenko, peut-être la plus médiatisée des Femen, «c'est qu'elles soient les esclaves des hommes.» En Ukraine, jusqu'au mois d'octobre, les Femen pourront se balader seins nus sans problème. Jusqu'au mois d'octobre seulement. À cette période aura lieu l'élection du nouveau Parlement ukrainien. Et semble-t-il, les autorités locales ont décidé de ne pas toucher aux Femen avant l'issue du scrutin: une éventuelle affaire d'atteinte aux droits de l'homme serait trop risquée. Qualifié de vandalisme en Ukraine, le tronçonnage de la croix à Kiev par Inna Shevchenko, pour soutenir les Pussy Riot, a quand même valu aux Femen une descente de police dans leur QG kiévien. Mais pas d'arrestations. C'est ici, chez elles, que nous les rencontrons pour la première fois, ce mardi 28 août. Accueillante, Anna Hutsol nous fait pénétrer dans l'antre de leur organisation: un deux pièces bariolé, dont le plafond est couvert de logos de réseaux sociaux Internet (leur fer de lance), de fresques murales à leur effigie, de couronnes de fleurs (semblables à celles du costume traditionnel ukrainien) auxquelles elles accrochent des rubans multicolores les jours de manifestation. Les principales activistes FEMEN répondent volontiers à nos questions. Leur discours est bien rôdé. Dans un bon anglais, Alexandra Shevchenko énumère leurs dernières actions, nous prévient qu'il va bientôt y en avoir d'autres. Pas question pour elles que l'Ukraine devienne la Russie, car leur pays en prend le chemin, croit-elle. «Même si nous avons pour l'instant plus de droits que les Russes, notre président n'est pas Ianoukovitch, notre président est Poutine. Ianoukovitch tente de construire exactement le même modèle de gouvernance que le président russe», explique Alexandra. «En Ukraine, nous pouvons encore manifester librement, continue-t-elle. Mais ça ne durera pas.» Le deuxième jour de notre visite aux Femen dans leur local de la rue Mikhaelovskaya, deux agents des services secrets ukrainiens sont postés devant la porte et observent les allées et venues des visiteurs des Femen. Lorsque la télé débarque, pourtant, il n'y a plus personne. |
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