28/09/2012 Devant l'orientation sexuelle du héros, un éditeur avait refusé de publier le roman de Sherwood Smith et Rachel Manija Brown. Il sera finalement édité, sans changer les préférences de son personnage principal... C'est finalement la maison d'édition anglaise Penguin qui publiera, via sa filiale The Viking Press, le roman pour ados Stranger qui met en scène un héros gay. C'est la conclusion (heureuse), révélée par le Guardian d'un feuilleton commencé il y a un an, quand Sherwood Smith et Rachel Manija Brown ont révélé qu'un agent littéraire majeur avait accepté leur roman post-apocalyptique destinés aux ados… à la seule condition qu'elles changent les préférences sexuelles de Yuki, leur héros. «Nous voulions écrire sur des ados qui sont comme ceux que l'on connaît» «Révoltant» Dans un message que les auteures appelaient à partager sur les réseaux sociaux, elles dévoilaient à l'époque que celui-ci aurait souhaité changer l'orientation sexuelle du personnage, ou la conditionner au succès du livre: «L'agent a suggéré que peut-être, si le livre marchait bien et que les lecteurs voulaient une suite, Yuki pourrait se révéler gay dans les prochain tomes, quand les lecteurs seront impliqués dans la série.» Une proposition qui n'a pas manqué de révolter les auteures et les internautes: «Quand vous refusez de tolérer des personnages principaux gays dans les nouvelles pour ados, vous êtes en train de dire aux ados gays qu'ils sont trop horribles pour que les gens comme eux ne peuvent même pas exister dans la fiction» s'expliquent-elles. Laissés pour compte Rachel Manija brown confirme au Guardian qu'elles n'ont jamais envisagé «d'hétéroïser» leur personnage pour trouver un éditeur. Sa co-auteure et elle souhaitaient un roman «qui parle des gens qui sont trop souvent laissés de côté… Les latinos, les afro-américains, les juifs, les asiatiques, les gays, les lesbiennes, les adolescents de toute origine, et ceux avec des handicaps, qu'ils soient physiques ou mentaux.» «Alors qu'il y a beaucoup de bons livres réalistes sur les troubles, les difficultés des minorités, il y a très peu de fictions sur des jeunes sorciers ou vampires ou mutants qui ne sont pas blancs et hétéros, souligne-t-elle. Et dans le peu qu'il y a, la plupart de ces personnages sont souvent les sous-fifres des protagonistes blancs et hétéros. Les nombreux adolescents que nous connaissons qui préfèrent la fantasy ne peuvent jamais lire l'histoire de héros qui leur ressemblent. Nous voulions écrire sur des ados qui sont comme ceux que l'on connaît, et rendre hétéro un personnage gay serait allé à l'encontre de la raison même pour laquelle nous avons écrit le livre.» 1% de personnages LGBT Un cas isolé? Les auteures ne le croient pas. Un certain nombre de ses amis écrivains lui ont révélé qu'ils avaient vécu des expériences similaires, «avec des agents et des éditeurs, à propos de personnages qui n'étaient pas blancs, de personnages gays ou lesbiens, ou même de personnages handicapés.» Une étude statistique réalisée par une autre auteure, Malinda Lo, sur les romans destinés aux adolescents publiés aux Etats-Unis ces quarante dernières années leur donne raison: «Elle a découvert que moins de 1% des livres publiés avaient un personnage LGBTQ quelconque, même dans un rôle secondaire mineur» explique Rachel Manija Brown. «Cela a confirmé notre décision de rendre cette affaire publique. Qu'importe ce que les gens croient de notre histoire, il y avait clairement un problème d'authenticité à défendre.» L'auteur espère que leur honnêteté a fait une différence: «Nous sommes deux personnes parmi tant d'autres qui essayent de construire un monde meilleur, plus juste. J'espère que nous avons contribué à une petite partie d'un mouvement plus grand… et que dans le futur, les bestsellers avec des ados aliens, mutants ou gladiateurs, auront des triangles amoureux où une fille doit choisir entre deux filles qui l'aiment.» |
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