04/10/2012 Face une opposition des pays progressistes jugée «trop faible» par l'Inter-LGBT, une alliance de pays homophobe a pu faire voter une vague et inquiétante résolution, qui pourrait soutenir l'homophobie d'Etat. C'est une étrange coïncidence qui illustre les paradoxes de la diplomatie internationale. Quelques jours avant que le comité des ministres du Conseil de l'Europe n'exprime à nouveau son inquiétude au sujet des gay prides empêchées par les autorités russes (et désormais interdites pour les cent prochaines années!), le gouvernement Russe, avec ses alliés, a marqué un point pour le camp des homophobes et autres traditionnalistes. Défense de la liberté? Avec la Corée du Nord, la Biélorussie, la Chine, Cuba ou encore le Pakistan au nom des Etats islamiques, la Russie a en effet réussi à faire voter assez largement un texte pour la défense des «valeurs traditionnelles» au Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies, à Genève. Approuvé par 25 voix contre 15 (et 7 abstentions), le texte vise à rappeler «l'importance des institutions telles que la famille, la communauté, la société et l'éducation pour transmettre et perpétuer ces valeurs», qu'il ne cherche pas vraiment à définir par ailleurs. D'ailleurs, si le texte assure qu'«une meilleure compréhension» de celles-ci «promeut et protège les droits de l'homme et les libertés fondamentales», il se garde bien de dire comment… tandis que le Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme n'a même pas eu le temps de finaliser son étude préliminaire qui servait notamment à y répondre. Manque de fermeté D'où la colère aujourd'hui de Nicolas Gougain, le porte-parole de l'Inter-LGBT, contre les «Etats progressistes en matière de mœurs» présents lors du vote, «tels que le Chili», qui n'ont pas su s'opposer assez fermement à cette résolution. «Une preuve du travail restant à accomplir», à tous les niveaux de l'ONU, pour la reconnaissance des LGBT. Même s'il salue au passage la déclaration de François Hollande la semaine dernière à New York en faveur de la dépénalisation universelle. En attendant, l'Inter-LGBT craint que ce texte, et le concept de «valeurs traditionnelles», ne soit utilisé pour justifier la poursuite de politiques inégalitaires envers les femmes ou les LGBT. Rien qu'en Russie, la résolution pourrait servir à interdire des gay prides à Moscou, empêcher un soldat de prendre un congé parental au prétexte que s'occuper des enfants relève du rôle de la mère, refuser d'enregistrer des associations peu conservatrices… ou, bien entendu, appuyer la condamnation des Pussy Riots à deux ans de camp pour leur action anti-Poutine pour leur action dans une église orthodoxe. * Liste des pays co-auteurs de la résolution: l'Angola, la Biélorussie, la Birmanie, la Chine, Cuba, la Corée du Nord, le Kirghizistan, la Malaisie, l'Ouzbékistan, le Pakistan (au nom de l'Organisation de la coopération islamique), la Russie, le Sri Lanka, la Syrie, le Venezuela et le Vietnam. |
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