04/10/2012 Alors que les organisateurs avaient bon espoir de voir enfin une marche des fiertés défiler samedi dans la capitale serbe, le gouvernement a décidé de l'interdire afin de «préserver l'ordre public». Le Premier ministre et ministre de l'Intérieur serbe Ivica Dacic a annulé mercredi pour des «raisons de sécurité» la Gay Pride prévue à Belgrade le 6 octobre, après les menaces de groupes extrémistes d'organiser des contre-manifestations. C'est pour la deuxième année consécutive que le défilé est interdit à Belgrade pour les mêmes raisons, alors que les organisateurs semblaient plutôt confiants il y a quelques jours à peine. «Troubles sérieux» «Sur la base de l'évaluation de la situation et des recommandations sécuritaires, le ministère de l'Intérieur a pris la décision d'interdire tous les rassemblements annoncés pour le 6 octobre afin d'assurer la sécurité des citoyens et préserver l'ordre public et la paix» à Belgrade, ont déclaré les services du gouvernement dans un communiqué. «Il ne s'agit pas d'un acte de capitulation devant certains qui pensent qu'ils peuvent mettre en question l'organisation de rassemblements publics par leurs menaces (...), mais il a été estimé qu'en ce moment on risquait d'avoir des troubles sérieux de l'ordre public», a-t-on ajouté de même source. Le rapporteur du Parlement européen pour la Serbie, Jelko Kacin, a déploré cette mesure, se disant «convaincu que l'Etat aurait pu assurer la sécurité de tous les participants à la parade s'il y avait eu de la volonté» politique, dans une déclaration à l'agence de presse officielle serbe Tanjug. De son côté, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjoern Jagland, a exprimé sa «surprise» et sa «déception». «Les citoyens devraient pouvoir exercer leur droits concernant la liberté de rassemblement et d'expression», a-t-il déclaré dans un communiqué. Cette mesure représente «une victoire des préjugés et une triste défaite des doits de l'Homme et de la décence», a déploré pour sa part l'organisation de défense des droits de l'Homme, Amnesty International. «Parade de la honte» Dans la matinée, le patriarche de l'influente Eglise orthodoxe serbe, Mgr Irinej, avait demandé à M. Dacic d'interdire ce qu'il a qualifié de «parade de la honte», qui «jette une lourde ombre morale sur notre ville, sur notre culture chrétienne et sur la dignité de nos familles». Mgr Irinej avait aussi demandé à M. Dacic «d'empêcher la scandaleuse exposition de photographies de l'artiste suédoise Elisabeth Ohlson Wallin», dont l'inauguration était prévue mercredi soir à Belgrade. Cette exposition, intitulée Ecce homo, est constituée d'une série de photographies montrant Jésus en compagnie de gays, de trans et de séropos. Cette manifestation n'a pas été interdite, mais elle s'est déroulée entourée d'un dispositif de 2.000 policiers, selon la police, et s'est achevée sans incident majeur. Affrontements Dans la journée, l'ambassade de Suède à Belgrade avait annoncé dans un communiqué la présence vendredi et samedi dans la capitale serbe de la ministre suédoise chargée des Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, et son intention de participer et de prendre la parole à la Gay Pride. «Ma présence et mon discours à l'occasion de la Gay Pride à Belgrade sont un acte de solidarité», a déclaré Mme Ohlsson, citée dans le communiqué. Les autorités serbes ont interdit en 2011 la Gay Pride, ainsi que plusieurs rassemblements contre celle-ci, pour les mêmes motifs. En 2010, la Gay Pride avait été suivie de violents affrontements entre les forces de l'ordre et des groupes de la mouvance ultranationaliste, auxquels s'étaient joints des hooligans supporters de football. Plus de 150 personnes, notamment des membres des forces de l'ordre, avaient été blessées. |
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