02/02/2003 Cher lecteur, ou lectrice, J'ai pris l'initiative il y a quinze jours de relayer l'annonce qu'un texte venait d'être voté à l'Assemblée par la quasi-totalité des parlementaires, visant à pénaliser les actes homophobes aussi lourdement que les actes racistes ou antisémites. Certains ont été très surpris, voire offusqués, de recevoir un communiqué venant d'un groupe de réflexion gay de l'UMP. Il me semble donc normal de souligner l'importance historique d'un tel événement. Le 18 juillet 1960, un amendement proposé par un triste sieur Mirguet, voté à la quasi unanimité, plaçait l'homosexualité parmi les fléaux sociaux. Cet acte a brisé le Pacte Républicain, en marquant l'irruption illégitime de l'Etat dans la vie privée des citoyens. J'estime qu'on peut reconnaître dans cette nationalisation de l'homophobie la résurgence pernicieuse des théories eugénistes de l'occupant nazi, qui avait d'ailleurs utilisé une procédure analogue pour assassiner et déporter les homosexuels. En tous cas, on peut remarquer que sur le plan historique, jamais la France, même au temps de l'Ancien Régime, n'avait légiféré contre l'homosexualité. Qu'on le veuille ou non, l'ombre sinistre de ces conceptions surranées a planné sur la droite française jusqu'aux immondes débats du pacs. On ne peut refaire l'histoire, seulement tenter d'en tirer quelques enseignements, et pour certains d'entre nous, modestement travailler à modifier son cours. L'amendement Mirguet venu de la droite a naturellement entrainé l'émergence d'associations de défense des droits des homosexuels de gauche, depuis le Fhar et le Cuarh jusqu'au CGL et la LGBT. Voir Nicolas Sarkozi, trente ans après, faire passer un amendement pénalisant l'homophobie, marque me semble-t-il un renversement historique. Enfin, la droite républicaine qualifiée par certains de «la plus bête du monde», commence à corriger les abus de l'homophobie. Savoir reconnaître ses erreurs, et surtout les corriger, me semble être une marque d'intelligence qui mérite respect. Je n'ai cessé depuis bien des années de travailler à faire en sorte que les homosexuels (hommes et femmes) cessent d'être discriminés, voire persécutés. J'ai ainsi participé à la présentation au CGL de Paris du Manifeste pour une Stratégie contre l'Homophobie en 1999. Tant pis si les propositions de loi qu'il a inspiré à la gauche ne sont jamais venues en discussion depuis. Dommage, mais on ne refait pas l'histoire. Tant mieux si, aujourd'hui, avec d'ailleurs l'aide de la gauche (qui a soutenu l'amendement Lellouche), l'esprit prend force de loi, quel que soit le gouvernement. Nous n'allons tout de même pas nous plaindre, si enfin l'homophobie est autant punie que le racisme et l'antisémitisme ? Certes, il reste encore beaucoup à faire, et au delà de la pénalisation des actes de haine homophobe, on doit s'interroger sur la prévention de ce fléau. Réfléchir à la meilleure réponse aux vomis d'une certaine presse. Elaborer une stratégie d'éducation, et des campagnes de prévention, pour que la maladie de la haine de la différence soit éradiquée. Toute réflexion dans ce sens me semble mériter d'être encouragée, d'où qu'elle vienne. Michel Bujardet Militant homosexuel de toujours, ancien président du Centre gai et lesbien PS: Au fait, pour ceux et celles que cela intéresse, Gay-Lib organise une réunion publique le 4 février à 20 h 30 en présence de Philippe Douste-Blazy, Secrétaire Général de l'UMP. Pour plus de détails, voir http://www.gay-lib.org |
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