18/12/2012 Ils sont homos, français, et habitent dans un Etat américain ayant légalisé le mariage pour tous. Aujourd'hui, ils souhaitent que la France s'inspire du succès des activistes LGBT aux Etats-Unis. Et donnent quelques recommandations. Florent Morellet vit aux Etats-Unis depuis des décennies. Ce Français devenu Américain en 1986 fut le patron du légendaire Restaurant Florent, qui a transformé le quartier du Meatpacking District de New York, quartier de bouchers, en paradis des clubbers. Militant gay, il a vu les associations LGBT se mettre en ordre de bataille contre les discriminations, subir des déconvenues, remporter des victoires. Parmi ces dernières, la reconnaissance en 2011 du mariage pour tous dans l'Etat de New York, où il vit avec son partenaire. Il a un conseil pour les militants français: «Surtout ne pas provoquer les opposants. On a gagné ici en montrant la normalité de la demande.» Parallèle cruel Certes, les Etats-Unis ne sont pas la France. Mais certains LGBT français vivant dans des Etats américains ayant légalisé le mariage des homosexuels pensent que leur pays d'origine doit apprendre de leur pays d'accueil. Le mariage pour tous est légal dans neuf Etats, l'adoption par les couples de même sexe dans dix-huit. Et 53% de la population américaine soutient le mariage des gays et des lesbiennes et d'autres mesures d'égalité pour les conjoints de même sexe: l'adoption (61%), l'octroi de droits liés à l'héritage (78%) et à la santé (77%), selon un récent sondage de USA Today. Le décalage avec la France s'est cristallisé début novembre. Le 6, trois Etats américains légalisaient le mariage des homosexuels par referendum. Le 7, Serge Dassault faisait sa tristement célèbre sortie contre l'homosexualité, «danger énorme pour l'ensemble de la nation» sur France Culture. Un parallèle cruel qui n'a pas échappé à la presse américaine. Le site d'information The American Prospect a noté le «retard» pris par la France sur les Etats-Unis en matière de droits des LGBT. «Qui sont les plus prudes maintenant, chers Français?», s'est interrogé pour sa part Time Magazine. Retard de réaction «La France est en retard», estime Corinne Narassiguin, députée socialiste des Français d'Amérique du Nord, responsable du projet de loi au sein du groupe socialiste. «Avec le vote du PACS, on a considéré qu'on avait plus besoin de s'occuper des droits des LGBT. D'autres pays européens, et les Etats-Unis, ont avancé.» La députée, comme d'autres pro-mariage, a été «prise de court» par la virulence des anti. «Les Etats-Unis ont une culture de l'organisation, du militantisme, du lobbying. Même si les associations LGBT en France sont bien organisées, il y a eu un retard de réaction qui ne se serait pas produit aux Etats-Unis car les associations mènent ce combat à chaque élection, tous les deux ans. Les associations en France pensaient à tort que le combat était gagné dès lors que les propositions étaient dans le programme du candidat qui a gagné la présidentielle. Ce n'est pas la même approche aux Etats-Unis». Modèles out «Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de modèles out dans le sport, la politique ou les arts», observe pour sa part Julien Ducourneau, fondateur d'un groupe de LGBT français à New York. «Si j'étais en France, je pousserais les gays et lesbiennes en position médiatique à sortir du placard.» «Il faut éduquer avec un grand "E", ajoute Pierre, un membre du groupe, travaillant dans l'éducation. Quand un enfant dit "sale pédé" dans une cour de récré américaine, ça ne passe pas. En France, le prof dira: "il s'amuse"». Il faut laisser les opposants déballer leur bile, philosophe enfin Florent Morellet. Le mariage des homos est une demande conservatrice, bourgeoise. C'est comme cela qu'elle a percé aux Etats-Unis». |
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