18/01/2013 Coïncidence: les députés français examineront le projet de loi sur le mariage pour tous quasiment 10 ans jour pour jour après que la Belgique l'a adopté. L'occasion de revenir sur cet anniversaire et sur les réactions belges face à la situation française. Le lendemain de la « Manif pour Tous », le Premier Ministre belge Elio Di Rupo tweetait : Je suis fier de la modernité de notre pays, où tous les couples ont le droit de se marier. Hasard du calendrier, la loi sur le mariage pour tous sera justement débattue à l'Assemblée Nationale à partir du 29 janvier, 10 ans jour pour jour après que le Parlement Fédéral belge se soit penché sur le même sujet, dans un tout autre contexte. En Belgique, pas de manifestation de masse, ni pour, ni contre, mais des propos mesurés tenus par les partisans et opposants au projet de loi, sans haine et sans caricature. Process en deux temps Au départ, la France était en avance. La Belgique a en effet adopté en 1999 le contrat de cohabitation légale, un an après le PACS. Comme en France aujourd'hui, le renvoi dans l'opposition de partis opposés au mariage pour tous permettra les avancées législatives qui suivront. Signe qui ne trompe pas, la majorité au pouvoir à l'époque est dite « Arc-en-Ciel ». Elle rassemble les libéraux, les socialistes et les écologistes. Mais pour ne pas froisser le MR (libéraux francophones), plus réservé sur le projet, le gouvernement avancera par petits pas, en dissociant mariage et adoption. Celle-ci sera autorisée en 2006, en même temps que la PMA. L'avis défavorable rendu par le Conseil d'Etat, chargé de la vérification de la constitutionnalité des lois, fera l'effet d'une douche froide. L'institution estime que seules les unions hétérosexuelles sont de nature à donner naissance à des enfants. Elles ont davantage besoin de stabilité et ont une utilité sociale différente des unions homosexuelles. La majorité au pouvoir ne tiendra pas compte de cet avis, estimant que l'institution a outrepassé ses missions en invoquant des arguments idéologiques. Mêmes arguments des parlementaires Lorsque les débats commencent le jeudi 30 janvier 2003, deux conceptions du mariage s'affrontent et s'appuient sur les mêmes arguments que ceux entendus aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Les démocrates chrétiens francophones, dans l'opposition, estiment qu'il existe une différence entre l'union homosexuelle et l'union hétérosexuelle, ce qui justifie une différence de traitement. Certains élus regrettent aussi que le mariage perde son sens premier, à savoir la survie du groupe, la transmission de la vie et la création de nouvelles relations familiales. Ce parti plaidera pour une amélioration de la cohabitation légale et votera contre le projet. Egalement divisé, les libéraux francophones laisseront la liberté de vote à leurs élus : beaucoup soutiendront le texte, vu son absence de conséquences sur la filiation. Les députés PS et Ecolo soutiendront tous le projet de loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, qui sera adopté par 91 voix pour, 22 contre et 9 abstention. La haine traverse la frontière Après les Pays-Bas, la Belgique devient alors le deuxième pays au monde à accorder l'égalité. Depuis lors, environ 1.000 mariages entre personnes du même sexe y sont célébrés chaque année dans l'indifférence générale. Vu du plat pays, les débats en cours en France donnent ainsi la curieuse impression de voyager dans le temps. Malheureusement, l'importance des médias français en Belgique et la place qu'ils accordent au débat en cours y a fait ressurgir une homophobie que l'on croyait disparue. Les forums des sites d'infos regorgent ainsi de commentaires insultants et plusieurs journaux ont proposé dans leurs pages des face à face «pour ou contre le mariage gay», qui n'ont aucun sens dans un pays où la loi existe depuis 10 ans. Plus surréaliste encore, des cars sont partis de Bruxelles vers Paris le 17 janvier, avec à leur bord des opposants au mariage pour tous réclamant l'abolition de la loi en Belgique... |
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