11/02/2014 Leur travail harassant s'apparente parfois à de "l'esclavage moderne" mais certaines employées domestiques de Hong Kong, homosexuelles, vivent aussi l'exil comme une libération, simplement impossible dans leur pays d'origine. Pour Jenny Patoc, une Philippine de 41 ans, Hong Kong restera l'endroit où elle a rencontré son amie il y a 15 ans et où toutes deux ont scellé leur "union sacrée" l'an dernier, union toutefois non reconnue officiellement. "A Hong Kong, nous sommes libres. Nous pouvons nous afficher telles que nous sommes", explique-t-elle dans le quartier d'affaires de Central où des milliers de domestiques étrangères se retrouvent, chaque dimanche, leur seul jour de congé de la semaine. Hong Kong n'a pas légalisé le mariage de personnes de même sexe mais l'ancienne colonie britannique n'en est pas moins un espace de liberté inédit pour les homosexuels venant de l'Indonésie musulmane ou des Philippines catholiques. Hong Kong, territoire semi-autonome du sud de la Chine, compte quelque 300.000 employées de maison, venues pour la plupart des Philippines, d'Indonésie ou de Thaïlande. Elles sont mieux protégées que dans d'autres pays d'Asie du Sud, mais leur situation reste précaire et les affaires de violences ne sont pas rares. L'an dernier, Amnesty International a comparé leurs conditions de vie à de "l'esclavage moderne". Pourtant, Marrz Balaoro, membre de l'association d'aide aux lesbiennes Filguys Association, affirme qu'il lui a été beaucoup plus facile de faire son coming out ici qu'aux Philippines. "Ma première patronne était magnanime et comprenait ma situation", assure-t-elle. Les Philippines sont de plus en plus tolérantes envers les homosexuels, selon elle, sauf dans les campagnes. Une intimité limitée Si, à Hong Kong, gays et lesbiennes s'aiment généralement au grand jour, les employées de maison étrangères ne bénéficient que rarement de l'intimité d'un couple car la loi les oblige à résider avec leur employeur - sauf accord amiable. "Si vous voulez développer votre sexualité, vous avez besoin d'espace privé. Or cet espace est très limité pour les travailleurs migrants de Hong Kong", observe le sociologue Yau Ching. Jenny Patoc a la chance de pouvoir louer un petit appartement qu'elle partage le dimanche avec sa compagne. Elle en sous-loue une partie à d'autres couples. "A chaque congé, nous nous retrouvons. Nous nous aimons". Amy Sim, anthropologue à l'université de Hong Kong, évoque des enquêtes selon lesquelles pas moins de 40% des domestiques étrangers de Hong Kong - des femmes pour l'écrasante majorité - sont en couple avec une personne du même sexe. Une telle tendance s'explique, selon elle, par l'isolement, la curiosité et la liberté d'expérimenter. "L'isolement et la solitude vont avec l'immigration. Elles ont besoin de réconfort sentimental, suivi de réconfort physique. Elles cherchent naturellement quelqu'un de confiance qui soit dans la même situation". Hong Kong a décriminalisé l'homosexualité en 1991, quand le territoire était toujours colonie britannique. Mais tout comme Singapour, le territoire semi-autonome chinois ne reconnaît pas les relations entre personnes du même sexe et se prive d'étrangers très qualifiés lorsque ceux-ci se voient par exemple refuser un visa d'accompagnement pour leurs concubins. |
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