20/02/2014 Hésitants à se faire enregistrer au HCR par crainte d’être discriminés, ils se retrouvent à la rue livrés à eux-mêmes et subissent des violences ou sont exploités. Pour fuir la guerre et la crise humanitaire, près d’un million de Syriens ont choisi de se réfugier au Liban voisin. Parmi eux, des homos qui pensent voir s’améliorer leur quotidien en franchissant la frontière pour rejoindre la capitale libanaise Beyrouth. Dans un communiqué du 12 février, Khairunissa Dhala, chercheuse sur les réfugiés pour Amnesty International en Belgique, dresse un sombre tableau (qui n’inclut pas les lesbiennes, les bis ou les trans’) de la situation de ces homos syriens au Liban, laissés à leur propre sort, et qui mènent un douloureux combat pour leur survie. Doublement discriminés du fait de leur nationalité et de leur sexualité, ils ne trouvent même pas la sécurité qu’ils cherchaient en quittant la Syrie. «Comme près d’un million de réfugiés syriens, Khalil* s’est installé au Liban. Il affirme subir des discriminations quotidiennes en raison de sa nationalité. Et ajoute qu’en tant que gay, il en subit davantage encore» rapporte la jeune femme qui raconte le quotidien de trois homos qu’elle a pu rencontrer sur place. Réfugiés, ils hésitent même à se faire enregistrer auprès du Haut commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) par crainte d’être discriminés pour leur orientation sexuelle. Khairunissa Dhala explique : «La majorité des réfugiés syriens au Liban s’enregistrent auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), afin d’obtenir de l’aide. J’ai appris que de nombreux hommes gays ne révèlent pas leur identité sexuelle lorsqu’ils s’enregistrent auprès du HCR en tant que réfugiés, par peur d’être rejetés. Ceux qui sont enregistrés affirment que les agents du HCR émettent fréquemment des doutes concernant le fait qu’ils sont homosexuels avant de leur fournir une assistance, et ne se montrent pas sensibles à leurs besoins.» Une situation peu enviable qui pousse ces réfugiés à la rue et à compter sur «l’aide d’autrui» comme le rapportait Haley Bobseine, responsable du programme Moyen-Orient du Iraqi Refugee Assistance Project dans un article du 4 décembre 2013 de la revue américaine Foreign Policy traduit «Être gay en Syrie» par Slate. «Même si Beyrouth est souvent considérée comme la ville la plus ouverte et libérée du Moyen-Orient, de nombreux réfugiés gays trouvent que leur situation n’y est pas beaucoup plus enviable. Dans la capitale libanaise, certains ont découvert qu’ils étaient exploités de la même manière que dans leur pays d’origine.» C’est notamment le cas de Hamid*, 26 ans, au Liban depuis 2011, contraint par son petit ami libanais d’avoir des relations sexuelles avec les amis du jeune homme, en plus des violences infligées. Atteint de l’hépatite B, qui n’est pas prise en charge par l’ONU, il est inscrit au HCR mais n’a pas assez d’argent pour se payer un traitement. «Comme il ne reçoit pas d’autre assistance, et n’entrevoit pas de possibilité pour bénéficier d’une aide médicale, Hamid est désespéré au point d’envisager de retourner vivre avec l’homme qui le battait», conclut la chercheuse d’Amnesty International. *Les prénoms ont été changés dans un souci d’anonymat. |
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