01/07/2014 De l'interdiction de fumer pour les femmes de moins de 40 ans à des amendes en cas d'emploi de mots étrangers: après les lois anti-gay, les projets de lois controversées, voire "absurdes", se multiplient à la Douma, laissant beaucoup de Russes perplexes. "On est en 2015. Une femme portant des baskets, fumant à un arrêt de bus et prononçant publiquement le mot étranger 'management' a été brûlée sur la Place Rouge", ironise Alexeï Fedotov, un utilisateur de Twitter, résumant une série de lois qui ont été proposées à la chambre basse du Parlement russe. Mi-juin, un député du parti de centre gauche Russie Juste, Oleg Mikheïev, a en effet adressé une proposition pour imposer aux fabricants de chaussures une taille maximale pour la hauteur des talons, mais aussi pour interdire les chaussures plates. En février, c'est une norme douanière aboutissant de fait à l'interdiction des petites culottes en dentelle synthétique qui avait suscité les sarcasmes des médias. Pour justifier sa proposition, le député a expliqué que les talons hauts, les baskets, les ballerines et les mocassins était dangereux pour la santé. Ivan Nikitchouk, député du parti communiste, a lui aussi vigoureusement défendu son projet de loi interdisant la consommation de cigarettes aux femmes de moins de 40 ans, et en présence d'enfants de moins de 14 ans. "Nous ne voulons pas tout interdire. Ce que nous voulons c'est laisser derrière nous une génération en bonne santé", a déclaré ce parlementaire de 70 ans. "Si les gens étaient autorisés à faire tout ce qu'ils veulent, on retournerait à l'âge de pierre", renchérit le député Mikhaïl Degtiariov, du parti ultra-nationaliste Libéral-Démocrate, qui soutient le projet d'interdiction des mots d'origine étrangère. Pétition sur la santé mentale d'une députée Parmi les parlementaires connus pour proposer des lois controversées, une en particulier a beaucoup fait parler d'elle. Il s'agit d'Elena Mizoulina, la présidente du comité pour la famille à la Douma. Co-auteur de la loi interdisant l'adoption d'enfants russes par des couples homosexuels ou des célibataires dans les pays ayant légalisé les unions entre personnes de même sexe, cette parlementaire a récemment, entre autres, proposé d'interdire l'avortement. Une pétition a alors été lancée sur l'Internet, et signée par plus de 100.000 personnes. "Ce n'est un secret pour personne qu'Elena Mizoulina (...) propose de plus en plus de lois absurdes", affirme le texte. "Nous demandons à ce que le ministère de la Santé détache ses meilleurs experts pour examiner sa santé mentale", y lit-on encore. Ce que le système attend Face à ces projets de lois à la Douma, nombre de Russes se disent perplexes. "Lorsque j'ai entendu parler de l'interdiction sur les baskets et les talons hauts, j'ai été stupéfaite", raconte ainsi Elizaveta Krasnopevtseva, 17 ans. "J'ai pensé que ce n'était pas possible d'atteindre un tel niveau d'idiotie. On ne peut pas imposer toutes ces interdictions à tout un peuple", ajoute-t-elle. Pourtant, de nombreuses lois particulièrement controversées ont d'ores et déjà été entérinées. Ainsi, le président russe Vladimir Poutine a signé une loi interdisant à partir de juillet les mots grossiers dans les salles de spectacle, les films et les médias. Peu après sa réélection en 2012 pour un troisième mandat au Kremlin, des textes visant selon l'opposition à la réduire au silence, avaient également été adoptées, comme celle obligeant les ONG à activité "politique" et bénéficiant de financements étrangers à s'enregistrer comme des "agents de l'étranger". Selon des analystes, dans ce processus, les députés n'ont en réalité que peu de pouvoir, les lois destinées à être véritablement adoptées étant soumises au Parlement directement par le Kremlin ou le gouvernement. Le quotidien populaire Moskovskiï Komsomolets estime que les parlementaires proposent des lois poussant parfois jusqu'à l'absurde la ligne du pouvoir, pour se distinguer plus aux yeux du Kremlin que de leurs électeurs. "Les parlementaires ne sont pas des fous ou des psychopathes. Ils essayent juste de devenir ce que le système - c'est-à-dire Poutine - attend d'eux", explique l'analyste indépendant Dmitri Orechkine. "Le seul espoir est que le Kremlin va perdre patience un jour et que la Douma va adopter une loi interdisant aux députés d'écrire eux-mêmes des lois", ironise Moskovskïi Komsomolets. |
Webmaster / Éditeur : Monclubgay.com © | Réalisation : Nichetoo.net | ||
Conditions d'utilisation |
|