23/01/2004 La diffusion à la télévision taïwanaise d'images montrant une centaine d'homosexuels en slip et tentant de dissimuler leurs visages après une descente de police dans "une orgie gay" a suscité une polémique sur les droits des homosexuels et des personnes atteintes du sida. Révoltées, les associations gay et de lutte contre le sida ont accusé les médias d'entretenir un sentiment anti-gay à Taiwan, qui s'apprête pourtant à devenir le premier pays d'Asie à légaliser les mariages des couples homosexuels. Le reportage a d'abord été diffusé la semaine dernière par les principales chaînes de télévision après que la police eut organisé pendant le week-end une série d'opérations coups de poing contre la drogue et les orgies sexuelles. Il a ensuite été rediffusé pratiquement en boucle alors que des dépistages ordonnés par les autorités avaient révélé que 28 des 92 homosexuels apparaissant à l'image étaient séropositifs. Les chaînes de télévision ont encore enfoncé le clou en interrogeant des voisins qui affirmaient avoir peur du sida et avoir désinfecté leurs maisons. Des policiers ayant interrogé les homosexuels ont de leur côté déclaré avoir sur le champ nettoyé leurs chaises. Cela démontre qu'à Taiwan l'homosexualité demeure synonyme de sida, a déclaré à l'AFP Wang Ping, porte-parole d'une association de défense de la liberté sexuelle. Ironiquement, la découverte de préservatifs lors de cette descente de police, une protection efficace contre la transmission du sida, a été présentée comme une preuve du "crime" de ces hommes, a-t-il déploré. Des centaines de préservatifs usagés ont en effet été retrouvés sur les lieux, mais les autorités sanitaires ont affirmé que ces hommes s'étaient livrés à "un comportement sexuel dangereux" sous l'influence de substances illicites. Elles ont également indiqué avoir demandé des poursuites à l'encontre de 14 des 28 personnes séropositives pour avoir sciemment propagé la maladie. Ce délit est passible d'une peine maximale de 7 ans de prison selon une loi anti-sida en vigueur à Taiwan, qui permet également aux autorités d'ordonner des tests de dépistage du VIH aux populations dites à risque, dont les partenaires de personnes atteintes du sida et les consommateurs de drogues. "Tout en étant attentifs aux droits des personnes séropositives et aux malades du sida, nous voulons aussi que les gens prennent soin de leur santé et qu'ils respectent les autres", a déclaré le ministre de la Santé, Chen Chien-jen. Wang Ping estime pour sa part que le gouvernement "n'a pas su communiquer les informations essentielles sur la maladie, qui ne se transmet pas par un simple contact physique". Les associations de lutte contre le sida estiment que l'application de la loi pourrait porter atteinte aux droits des homosexuels et des malades mais aussi décourager les gens à se faire dépister. Cela s'est vérifié à l'occasion de cet incident lorsque le ministère de la santé n'a pas respecté la vie privée des séropositifs en communiquant les informations à la police, a déclaré Ivory Lin, secrétaire général d'une association de défense des droits des séropositifs et des malades du sida. "Un ami homosexuel m'a envoyé un courriel aujourd'hui en me disant qu'il avait renoncé à aller se faire dépister à cause de cette histoire", a-t-il déclaré (avec AFP). |
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