18/06/2003 Le "Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes", dirigé par Didier Eribon, a-t-il censuré des auteures lesbiennes ? C’est en tout cas ce qu’affirment Marie-Jo Bonnet et Marie-Hélène Bourcier, auto-proclamées "Comité de la censure". Le 23 mai dernier, elles appelaient toutes deux, dans un communiqué uniquement repris sur http://www.gayvow.com, au boycott dudit dictionnaire. Le motif : elles en seraient absentes. Pourtant, il n’existait à cette date pas d’exemplaire relié du "Dictionnaire" (sorti le 5 juin) et les auteures du communiqué n’avaient pu prendre connaissance du contenu de l’ouvrage, du moins dans sa totalité. Après la sortie du livre, second communiqué, qui cette fois-ci n’appelle plus au boycott – et pour cause, appeler au boycott d’un livre est illégal. "Nous sommes historiennes, sociologues, philosophes, artistes, poètes, militants et militantes de la libération des femmes. Nous sommes des références dans notre domaine. Nos travaux ont été censurés du "Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes". C’est de l’imposture intellectuelle. Un dictionnaire se doit d'être complet. Nous dénonçons ces pratiques partisanes qui mettent en péril la liberté de pensée, la pluralité culturelle et la diffusion des idées non conformes…", est-il expliqué. Suivent les signatures de Marie-Jo Bonnet, Marie-Hélène Bourcier, l’Académie gay et lesbienne et plusieurs universitaires. Aujourd’hui, c’est l’association parisienne Cibel (Compagnie des insoumises, baladines, enthousiastes et lesbiennes) qui vient ajouter sa voix au débat. Cibel reconnaît "l’intérêt que représente ce dictionnaire pour la mémoire et la visibilité homosexuelles", mais déplore l’absence de Marie-Hélène Bourcier, Geneviève Pastre et Marie-Jo Bonnet, "trois intellectuelles et militantes lesbiennes contemporaines en tant qu’auteures dans les rubriques du dictionnaire". Visé par ces attaques, Didier Eribon, répond sans mâcher ses mots, en exclusivité pour tetu.com, aux accusations de censure : "Je ne vois pas très bien pourquoi il aurait fallu consacrer une notice spécifique à ces trois personnes, et, d’ailleurs, aucun des auteurs de ce livre collectif n’a jamais suggéré de le faire pendant tout le temps que nous avons travaillé à le réaliser. Les ouvrages de ces trois personnes me paraissent plus que médiocres, pour ne pas dire ridicules. Marie-Hélène Bourcier ne fait que répéter et ânonner en version ultra-simplette et naïvement jargonnante ce que d’importantes théoriciennes américaines ont fait il y a dix ans (notamment mon amie Judith Butler qui, elle, a réellement créé quelque chose de neuf dans la pensée). Les livres de Marie-Jo Bonnet sont d’un niveau très bas, pour ne pas dire lamentable (et si elle n’est pas contente, elle n’a qu’à aller se plaindre, comme elle fait d’habitude, chez ses amis réactionnaires de la revue Esprit, dont on sait quel amour ils portent au mouvement gay et lesbien !). Quant à Geneviève Pastre, elle est mentionnée dans plusieurs notices, notamment celle sur Fréquence Gaie. Il y a sans doute des manques dans cet ouvrage, mais il me semble qu’il y aura des noms bien plus importants que ceux-là à ajouter lorsqu’il s’agira de faire une deuxième édition ! Et si cela déplaît à certains ou à certaines, je dois dire que rien ni personne, et surtout pas moi, ne les empêchent de faire un autre dictionnaire… Je leur souhaite bon courage." En attendant, le "Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes" se vend, de l’aveu de celui qu’il l’a dirigé, "comme des petits pains". Et la polémique ne devrait rien changer à l’affaire. |
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