13/09/2000 Un film "hard" sur les obsessions sado-masochistes et fétichistes d'un éboueur lisboète conclut sur une note de scandale une Mostra 2000 très "gay", qui baisse le rideau samedi sur la dernière édition du millénaire. A la veille de la clôture, "O fantasma" (The phantom/Le fantôme) du Portugais Joao Pedro Rodrigues, l'un des trois derniers films en compétition pour le Lion d'or, a créé une onde de choc dans un festival pourtant déjà marqué par le sang et le sexe et où l'homosexualité n'avait jamais été aussi présente. "Explosion d'érotisme extrême", "Le gay sado-maso au Lido ou le scandale annoncé", "Scandale garanti", "Images choc": la presse italienne est quasi unanime sur le premier film de Rodrigues (34 ans), interdit aux moins de 18 ans. Sodomie, fellation, onanisme, sadisme et fétichisme, "Le fantôme" montre avec une "brutalité explicite" les obsessions et les errances nocturnes et presque muettes d'une jeune éboueur solitaire. Rejeté par tous, sauf par son chien, il finit par lui ressembler. "Il est plus proche de l'animal que de l'homme", admet Joao Pedro Rodrigues. Enfilant la combinaison en latex d'un Fantomas sadique pour traquer l'objet de ses rêves, Sergio (Ricardo Meneses) finit par entrer dans le royaume des ombres. Dans le vaste no man's land, à la périphérie de la ville, où les bennes viennent rejeter les déchets de Lisbonne, sa silhouette noire finit par se confondre, sur un écran presque noir, avec les rebuts de la société. Contrairement au film-scandale français "Baise-moi" de Virginie Despentes, Joao Pedro Rodrigues n'a pas fait appel à des acteurs de l'industrie porno mais à des amis. "Inutile hard", écrit le Corriere della Sera qui s'interroge sur les goûts cinématographique du comité de sélection de la Mostra. L'éboueur "gay" des bas-fonds de Lisbonne, fantasmé par le réalisateur portugais, contraste avec deux autres candidats au Lion d'or, qui traitent aussi de l'homosexualité, mais à travers le portrait réel de deux intellectuels, l'un mort, l'autre vivant. Dans "Avant la nuit" (Before night falls), le peintre et sculpteur américain Julian Schnabel rend hommage au Cubain Reinaldo Arenas, esprit trop libre et trop "gay" pour le régime castriste qui l'emprisonna et le poussa à l'exil. Cette ode à la liberté et à l'esprit de résistance d'un écrivain "maudit", mort à 47 ans, pourrait valoir à l'acteur espagnol Javier Bardem un prix d'interprétation à la Mostra. Un autre candidat est l'acteur colombien German Jaramillo, alter ego de l'écrivain Fernando Vallejo, dont le roman autobiographique "La Vierge des tueurs" (Our lady of the assassins) est porté à l'écran par Barbet Schroeder. Rythmé par les imprécations et les blasphèmes de l'écrivain, "La Vierge des tueurs" est une plongée dans l'enfer sans espoir de Medellin, où l'intellectuel cynique et nihiliste rencontre un adolescent, ange exterminateur et victime, pour une histoire d'amour vouée à la mort. Moins explicite, "Uttara" (Les lutteurs) du Bengali Buddhadeb Dasgupta évoque la tentation -inassouvie- d'une relation homosexuelle entre Balaram et Nimai, deux athlétiques garde-barrières dont la passion est la lutte, et dont les joutes et les massages ressemblent fort à des ébats amoureux. Hors compétition, "gay" sont aussi les gangsters de "Plata Quemada", de l'Argentin Marcelo Pineyro, l'histoire d'un casse sanglant avec les amants maudits Nene et Angel, présenté vendredi en clôture de la section "Rêves et visions". |
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