16/03/2005 On aurait pu s'attendre à un débat houleux, il n'en a rien été. La réunion publique, organisée le mardi 15 mars par le Crips, n'a pas tourné au pugilat entre pro et antipénalisation de la transmission du VIH. Plus que la sexualité des personnes séropositives, thème de la matinée, c'est bien sûr la table ronde de l'après-midi, où étaient réunis Barbara Wagner de Femmes positives, Christian Saout, de Aides, Emmanuel Château d'Act Up-Paris et Georges Sideris de Warning, qui était la plus attendue. Dans son introduction, Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida (CNS), visiblement tendu, a rappelé ce qui fonde aujourd'hui la politique de santé publique et le concept de responsabilité partagée: la vérité, la franchise et la possibilité de dire. Selon lui, la criminalisation risque d'aggraver l'épidémie, mais il considère qu'il «faut poursuivre les contaminations volontaires, qui existent». Il a annoncé que le CNS auditionne sur cette question et qu'il publiera en juin «des recommandations sur la prévention et la responsabilisation». Pendant son intervention, Barbara Wagner a justifié la volonté de l'association Femmes positives, qui regroupe à Marseille une soixantaine de membres, de poursuivre en justice ceux qui auraient contaminé leurs partenaires, parce qu'elle s'est sentie «trahie» par l'homme qui ne lui avait pas révélé sa séropositivité et qui l'a contaminée il y a douze ans. Les autres intervenants se sont déclarés hostiles à la pénalisation, tout en reconnaissant, comme Emmanuel Chateau, d'Act Up-Paris, que c'est «ça nous interpelle si les nouveaux séropos ne se reconnaissent pas» dans les associations de lutte contre le sida. Pendant la deuxième partie, l'avocate Suzanne Mawas Le Dain a jugé que dans l'arrêt de la cour d'appel de Colmar, où un homme a été condamné à six ans de prison pour avoir contaminé deux femmes, les «attendus du jugement allaient au delà de l'article 222-15», qui dispose qu'en «cas de transmission de substance nuisible», il faut prouver le lien de causalité. Selon elle, l'enquête n'a pas jugé utile de faire la preuve que c'est bien Christophe Morat qui a contaminé ces deux femmes. Aujourd'hui, celui-ci a formé un pourvoi en cassation. Mais au-delà de cette première juridique, c'est bien sûr toute la politique de prévention qui doit être revue, ainsi qu'une réflexion sur la place des séropositifs aujourd'hui. Les pouvoirs publics ont brillé par leur mutisme dans un débat où leur inaction a souvent été mise en cause. |
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