Bonjour,
J'ai 21 ans et je me pose beaucoup de question sur la "légitimité" de ma sexualité.
Je grandis et j'accepte de mieux en mieux mon homosexualité.
Néanmoins, je ne suis pas près de l'avouer à mes proches, question de timidité, pudeur mais surtout de honte. Car en effet, voilà mon problème : j'ai l'intime conviction dont je ne parviens à me défaire que être gay, c'est être différent non pas a-normal mais déviant avec un contenu viscieux sous-jacent qui me rend malheureux dans le regard que je porte sur moi-même. Non pas que je pense que la normalité c'est la majorité mais j'ai l'impression de défier la nature et nos prédispositions a-priori naturelles (se reproduire avec une femme...par exemple.)
Je souffre d'une perception pessimiste de l'homosexualité, peut-être due au fait que je ne fréquente que des hétéros, cependant je me montre constamment tolérant et très ouvert d'esprit.
J'ai l'impression de "faire" quelquechose de mal.
Il s'agit sans doute du pouvoir du sur-moi, une lutte très freudienne dans mon esprit.
J'aimerais que vous m'éclairiez : est-ce pathologique ?
La réponse : |
Le regard que vous vous portez, ainsi que l'opinion que vous avez sur l'homosexualité, ne sont que la résultante des pression extérieures que vous subissez depuis votre naissance. Confronté au sentiment d'être gay, donc à un non-sens, il en ressort des conflits psychologiques divers, qu'il vous faut mettre à jour.
Je ne veux pas exposer trop longuement dans cette rubrique, mais, pour reprendre un point de votre courrier, il n'y a aucun défi envers la nature dans l'homosexualité : nombreuses sont les espèces animales qui la pratiquent, y compris le coït anal (cf. "Christianisme, tolérance sociale et homosexualité", de J. Boswell, éditions Gallimard, ou plus simplement "L'homophobie", de D. Borillo, collection Que-Sais-Je, éditions Puf). Les zoologistes s'y intéressent d'autant plus qu'ils sont maintenant en Europe délivrés des censures des religieux (des articles paraissent dans les revues spécialisées Nature, Science...) Donc, l'homme paraît relativement mal placé pour parler de "nature", de "naturel", etc. (La contraception, l'IVG, le nucléaire, l'informatique, les rapports hétérosexuels non procréatifs comme les rapports oro-génitaux, la masturbation, ..., sont-elles des choses plus naturelles que l'homosexualité ? Qui est à même de le dire ?)
Encore une fois, je ne peux pas débattre trop longuement dans cette rubrique, mais il y a moyen d'argumenter.
Je souhaite vous conseiller encore un dernier (et excellent) ouvrage : "Réflexions sur la question gay", de D. Eribon, aux éditions Fayard.
Pour conclure, vous n'êtes absolument pas pathologique, pas plus que les gens de couleur ne le sont en raison de la couleur de leur peau, et vous suivez normalement le cheminement intellectuel que suit toute personne se sentant dans une catégorie minoritaire. Poursuivez votre chemin, vous allez toucher au but !
Amicalement,
Alex.
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