Cher Roger
Où en est la psychiatrie vis-à-vis de l'homosexualité ?
Mes deux parents sont psychiatres et j'ai eu de nombreux débats houleux avec eux sur l'homosexualité après avoir fait mon coming-out.
Contrairement à ce que je pensais ils se sont montrés bien plus réacs que je ne me l'imaginais. Ils m'ont notamment soutenu mordicus que du point de vue de la psychiatrie, l'homosexualité était une maladie, qui révélait un problème dans mon développement affectif et m'ont demandé de faire une analyse (ce que j'ai refusé).
Ma mère s'est sentie responsable (elle
m'aurait trop chouchouté) et mon père aussi (il aurait été trop absent).
Qu'en est-il ?
Pour les psychiatres (et j'espère qu'ils ne sont pas tous d'accord avec mes parents) un pédé est-il forcément un névrosé ?
l'homosexualité est-elle
une maladie qui mérite d'être traitée par une analyse ?
En bref, existe-t-il une psychiatrie qui ne soit pas homophobe et qui ait d'autres théories à proposer ?
La réponse : |
Merci d'avoir posé cette question que j'attends depuis longtemps et en même temps que je redoute. Bon elle est là et je vais faire avec.
Je sais que je ne vais pas faire que des contents mais je sais également que certains vont se reconnaitre dans mes propos.
Je vais essayer de pas faire trop sérieux mais ce qui n'est pas sérieux pour certains n'est pas vérité.
Il ne faut pas confondre psychiatrie et psychanalyse.
La psychiatrie pure et dure est du domaine du médical et du scientifique, un psychiatre a fait de longues études de médecine et s'est spécialisé à un moment dans la psychiatrie. Il prescrit des actes chimiothérapeutiques ou traitements psychothérapeutiques qui sont scencés modifier l'état psychologique d'une personne.
Jusque là rien de bien compliqué (et encore).
La psychanalyse, est née de papa Freud qui, en quête de sens, devant ce qui s'appelait la folie, et que l'on baptise pudiquement aujourd'hui, psychoses ou troubles de la personnalité, dans les cas les moins graves, a définit une théorie du développement de la personnalité.
Comme à cette époque la psy... était désertique sur toute théorie, notre cher papa Freud a été chercher dans la mythologie des repères.
Et du coup, Oedipe est revenu avec toute sa panoplie, de choses absolument immondes (coucher avec sa mère, tuer son père, j'en passe et peut-être des plus sévères).
Il faut penser que Freud est parti de rien pour arriver,à une théorie qui peut donner un sens à ce qui a première vue n'en a pas.
Il faut lui rendre cet hommage (merci Sigmund)d'avoir eu le courage d'élaborer une approche dont les racines sont encore présentent à ce jour.
Pour Freud, l'homosexualité n'est pas une maladie, il a osé l'écrire à une mère qui lui adressait un courrier concernant l'homosexualité de son fils.
J'ai une traduction de cette lettre en francais (disponible en écrivant à psygay@psygay.org). Vrai, il l'a écrit, pour lui ce n'est pas une maladie, donc celà ne se soigne pas.
Par contre, là ou cela blesse, c'est qu'il a toujours maintenu, et qui est encore présent chez certains psy, l'homosexualité est une interruption du cycle de développement de la personnalité. Interruption qui s'est faite au
stade anal ou oral pour faire court.
Bon nous revoilà dans le pipi caca.
Le DSM (manuel de diagnostique international utilisé par tous les psy pour
trouver un langage commun) a retiré l'homosexualité, des troubles de la personnalité, des névroses dans les années 1983, sous la pression des l'hobbys gay. Avant 1983 tous les psy qui utilisaient le DSM lisaient que
l'homosexualité était un trouble, voir plus.
Il faut avoir ces quelques repères en tête, de nombreux psy (psychiatres, psychanalystes, psychothérapeutes, psychologues) ont été formé avec ces données.
Malheureusement, je pourrais écrire des centaines de pages sur le sujet que vous posez là.
En ce qui vous concerne plus directement.
L'homosexualité ne se soigne pas, car il n'est pas scientifiquement prouvé, à ce jour, que l'homosexualité soit une maladie ou dont l'origine pourrait être génétique.
Il n'existe aucune preuve sérieuse.
Ceux qui ne sont pas d'accord, peuvent m'écrire, car je suis à la recherche également de preuves scientifiques et non pas de suppositions.
Ce qui est clair, c'est que des parents, qui découvrent l'homosexualité de leur enfant, ne peuvent que culpabiliser sur ce qu'ils ont fait ou pas fait.
D'autant plus, qu'ils peuvent culpabiliser si ils exercent une profession de recherche de sens, de relation d'aide ou d'accompagnement psychologique.
Si vous sentez qu'ils ont fait, pour vous, ce qu'ils pouvaient, il est important de le leur dire.
Voilà, merci de m'avoir posé cette question. Je n'ai posé que très peu maintenant sur cette délicate question de l'homosexualité comme maladie qui fait encore beaucoup de dégats.
Imaginez la bisexualité dans quel foutoir nous nous trouvons.
L'énergie du débat est à la hauteur de nos incompréhensions, de nos peurs et de notre besoin de sens.
Avec toute ma sympathie et merci encore.
Roger
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