Bonjour,
J'ai 66 ans, je suis séropo (suite à de soins médicaux …), marié depuis 41 ans et j’aime ma femme. Ma charge virale est indétectable depuis plusieurs années, mes CD4 sont à 850 voire plus. Tout va bien, sauf que … j'ai un énorme besoin d’assouvir mon homosexualité, besoin qui vire à l'obsession, à l’insupportable. Je suis bisexuel depuis toujours, mais ne l'ai accepté que depuis que toute vie sexuelle est morte à l'intérieur de notre couple.
Ma femme qui ne veut que mon bonheur et mon équilibre m’engage d’autant plus à vivre mon homoseuxualité que de son côté elle ne trouve plus aucun plaisir dans la sexualité (Elle n’a que rarement apprécié les plaisirs sexuels). Malgré l’usage de lubrifiants, toutes pénétrations sont devenues bien trop douloureuses pour elle et cela depuis qu’on ne soigne plus la ménopause par des hormones, par crainte de déclencher un cancer. Elle me masturbe de temps en temps, non par plaisir mais par amour. Elle peut s’y appliquer, mais je ressens ce manque de plaisir qu’elle retirait parfoid jadis, alors, je n’y trouve que peu de plaisir moi-même, au contraire, j’en retire une frustration telle que je n’arrive plus à la toucher. Nous nous aimons et nous entendons à merveille, … sauf physiquement.
Quel est le problème ?
C’est qu’après chaque rencontre avec un homme, je culpabilise ! De quoi ? Je n’en ai sais rien.
Bien sûr que l’éducation et la morale y sont pour quelque chose, … à l’époque … Mais la maturité, la lucidité, mon anamnèse, … devraient m’aider à surmonter cette culpabilité et cela d’autant plus facilement que ceux que je soupçonnerais pouvoir mal me juger … s’ils savaient …, étalent leur propre échecs de vie. Bien sûr je culpabilise quand j’ai bien pris mon pied avec un homme … sachant que ma femme est privée de tous plaisirs corollaires. Alors, parfois je me dis que le sacrifice d’une abstinence ne serait pas inutile, … mais quand la déprime me rattrape, je vois bien que ce n’est pas la bonne solution, d’autant moins que les trithérapies, influent sur le moral, conduisent quelques fois au suicide (aucune aide réelle n’est par ailleurs prévue pour ce genre d’effet secondaire, ... qu'ils crèvent ... )
Mais les séropos ont-il encore le droit à un épanouissement sexuel ?
Malgré que pour les autorités sanitaires de nombreux pays, force a été de constater que les trithérapies réussissent sur le plan de la prévention là ou d’autres méthodes ont montré leur limites.
Alors, s'il en est ainsi, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes !
Non, car monde est bien curieux ! Trop nombreux sont ceux qui préfèrent prendre des risques énormes avec ceux qui dissimulent ou qui ignorent encore leur état de séropo (alors qu'eux sont particulièrement contagieux). Quels risques prennent-ils ? Une contamination quasi certaine ! Quels risques un séropo à CV indétectable depuis plus de 6 mois, fait-il courir à un partenaire ? Réponse, très peu. Et s’il pratique le SSR ? Réponse, aucun.
Aucun, d’accord ! Mais voilà, ... je ne peux pas m’empêcher d’être honnête et d’annoncer que je suis séropo avant toute relation avec un partenaire, je suis fait ainsi. Pour jeter un froid cela jette très souvent un froid et au lieu d'être récompensée, mon honnêteté fait fuir bien du monde. Je comprends, j’en ferais tout autant car tout est fait pour désinformer.
Bon, avec tout cela, ... j’ai toujours un très (trop) gros appétit sexuel, car je suis sexuellement en forme, … mais le temps passe et j’aimerais tant m’épanouir avant qu’il ne soit trop tard. L’épanouissement sexuel est il un droit plus ou moins important selon les tranches d’âges ?
On me dira que ce petit problème personnel est du ressort d'un Psy. sans doute, mais je n'ai pas les moyens de me payer un psy, alors, je tiendrai le temps que je pourrai
La réponse : |
Bonjour,
Et merci pour votre message, qui aborde beaucoup de thèmes…
Nous comprenons que vous vivez une situation particulière au sein de votre couple. Vous vivez une situation particulière au sein de vous-même selon vos attirances, vous vivez une situation particulière en raison de votre séropositivité au VIH. Et enfin, vous vivez une situation particulière en raison de votre âge. Ces situations sont particulières, en ce sens qu’elles se présentent de manière singulière dans votre vie, ce qui ne signifie pas qu’elles soient exceptionnelles, ni qu’elles ne puissent être partagées. Nous allons les reprendre une à une et vous proposer des pistes de réflexion, sans prétendre à l’exhaustivité…
Vous évoquez en premier lieu votre relation avec votre épouse. La piste de réflexion peut vous paraître dérisoire, et pourtant, elle pourrait aider votre couple, si vous en êtes tous les deux d’accord. Avez-vous songé à rencontrer un sexologue ? Nous comprenons que votre femme ressent un manque d’envie, ou tout au moins ne se trouve pas au même diapason que vous, et que par ailleurs elle souffre de douleurs à la pénétration. Les causes de ces deux situations peuvent être multiples, personnelles à votre épouse, ou découlant de votre vie de couple. Mais des solutions peuvent être trouvées. Il faut être deux pour cela…
La culpabilité que vous éprouvez après chaque rapport avec un partenaire homme, d’autant plus forte, si nous comprenons bien, que le rapport a été satisfaisant… ne provient-elle pas d’une liberté que vous même ne vous autorisez pas pleinement, même si votre épouse vous a manifesté son accord ?... L’abstinence ne « marcherait », comme tout autre solution, que si vous étiez sur le même plan, votre épouse et vous, vous rendant également heureux.
Vous parlez de déprime. Est-ce un euphémisme poli pour ne pas parler de dépression ? Car vous parlez aussi d’idées suicidaires. Cela peut être dû à différentes causes, également, mais… on retrouve souvent un tel passage dans le parcours des personnes séropositives. Il est possible d’en incriminer la vie avec le VIH sur le long terme (mais c’est surtout lorsque le taux de T4 est assez bas), et certains traitement (principalement le Sustiva que l’on trouve également dans Atripla). Le mieux serait vraiment d’en parler à votre médecin-VIH, pour qu’il prenne en compte cela, et change éventuellement de molécules.
Et puis… bon, ne vous fâchez pas… dans les services VIH, il y a souvent un psychologue rattaché, que vous pouvez peut-être consulter pour quelques séances. Le travail avec un spécialiste de l’écoute est en fait un moyen efficace de parler avec soi-même, tout en évitant le « petit vélo » qui tourne dans la tête.
Concernant la protection tant par les préservatifs que par les traitements, vous décrivez bien la situation actuelle, qui repose sur des constats encore incomplets, notamment lors des rapports entre hommes. Vous ne précisez pas la nature protégée ou non de vos rapports. L’utilisation de préservatif ne pourrait-elle pas vous aider à faire « l’impasse » sur une annonce immédiate de votre séropositivité ?.. Vous vous heurtez à des préjugés et idées fausses tant sur le VIH que sur la vie avec ce virus. Il faudra du temps pour qu’ils se résorbent… nous essayons d’y travailler au quotidien lors de nos entretiens.
Il n’y a pas de « droit » à l’épanouissement sexuel selon l’âge. Chacune, chacun est en situation d’aspirer à la santé, sexuelle comprise, et à tout âge. Même si là aussi préjugés et idées fausses persistent à fleurir… à notre modeste échelle, nous ne pouvons que retourner à des personnes qui abordent ce sujet avec nous que les appelants sur les dispositifs de Sida Info Service sont vraiment de tous âges.
Bon, nous avons conscience de ne pouvoir vous aider à résoudre ces questions en un simple mail. Ne prenez ce qui précède que comme des pistes de réflexion.
Nous restons bien entendu entièrement à votre disposition si vous le souhaitez, par mail bien sûr, ou en nous appelant directement au 0.800.840.800 (appel gratuit depuis un poste fixe), ou encore sur le dispositif Ligne Azur où l’on aborde davantage les questions d’identité et d’orientation sexuelle, au 0.810.20.30.40 (coût d’un appel local depuis un poste fixe).
Merci pour votre confiance.
Pensez aussi à vous faire vacciner contre l’hépatite B si ce n’est pas déjà fait (www.unvaccinpourlesgays.fr)
N'hésitez pas à nous recontacter par mail.
Si vous souhaitez vous entretenir directement avec un(e) écoutant(e) de Sida Info Service :
- vous pouvez nous joindre au 0 800 840 800, tous les jours, de 8 h à 23 h. L'appel est anonyme, confidentiel et gratuit (sauf depuis un portable). Depuis l'étranger, le numéro à composer est le 33 1 55 25 13 53 (coût d'une communication internationale).
- ou bien nous vous rappelons gratuitement, au numéro (téléphone fixe ou portable) que vous aurez préalablement indiqué via Internet http://www.sida-info-service.org, en haut à droite de votre écran.
L'appel reste anonyme et confidentiel.
La nuit, de 23 h à 8 h, en cas de prise de risque (sexuel ou autre), Sida Info Service peut vous proposer par téléphone (0 800 840 800), une orientation adaptée vers un service d'urgences.
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http://www.sida-info-service.org
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